L’arrivée de Total dans l’industrie pétrolière sénégalaise marque une étape significative dans le développement énergétique du pays. Le président Macky Sall, lors de sa visite d’État en France, a mis en avant l’importance de cet accord entre le gouvernement sénégalais et le géant pétrolier français. Signé par Momar Nguer pour Total et le ministre de l’Énergie Thierno Alassane Sall, cet accord porte sur l’exploration et l’exploitation de pétroliers en offshore profond au large des côtes sénégalaises.
Un partenariat structurant pour l’économie sénégalaise
Selon Macky Sall, la présence de Total dans ce secteur représente une opportunité majeure pour le Sénégal. Tout en soulignant que les termes de l’intervention de la compagnie française seront encadrés par les règlements prévus dans le Code pétrolier national, il a qualifié ce partenariat de levier stratégique pour l’économie locale. Ce développement intervient parallèlement à la promotion de Momar Nguer, originaire du Sénégal, à un poste à haute responsabilité au sein du groupe Total, renforçant ainsi la pertinence du partenariat.
Cet accord ne remet cependant pas en cause les ententes précédemment signées avec d’autres entreprises du secteur. Les autorités veillent à maintenir un équilibre entre les différents acteurs impliqués dans l’exploitation des ressources pétrolières.
Un enjeu énergétique régional
Depuis 2014, les activités d’exploration ont révélé plusieurs gisements prometteurs au Sénégal. La société Cairn Energy, entre autres, a été à l’origine de découvertes majeures, notamment dans les blocs Sangomar Offshore Profond et Rufisque. Les réserves identifiées dans ces zones sont estimées à plusieurs milliards de barils, plaçant le Sénégal parmi les principaux futurs producteurs d’hydrocarbures en Afrique de l’Ouest.
Les découvertes gazières effectuées dans la région de Saint-Louis, partagées avec la Mauritanie, constituent également un atout stratégique. Ces réserves, estimées à 450 milliards de mètres cubes, ouvrent la voie à des perspectives considérables pour l’exportation d’énergie.
Le rôle de Total dans une dynamique multi-acteurs
L’intégration de Total dans le paysage pétrolier sénégalais s’inscrit dans une compétition internationale dominée par des entreprises telles que Cairn Energy, Woodside, et FAR. Cairn détient actuellement 40 % des parts sur plusieurs blocs offshore, tandis que la compagnie nationale Petrosen conserve 10 %. Le transfert récent des parts de ConocoPhillips à l’australien Woodside illustre l’évolution rapide de la gouvernance des ressources.
Avec Total, le Sénégal espère renforcer son expertise technique tout en diversifiant les partenariats stratégiques. Le modèle de collaboration envisagé par Dakar vise à favoriser un équilibre entre les investissements étrangers et les bénéfices locaux.
En marge de cet accord pétrolier, la France s’est engagée à financer à hauteur de 193 millions d’euros le projet de Train Express Régional (TER). Ce système ferroviaire permettra de relier Dakar à l’aéroport international Blaise Diagne sur une distance de 50 kilomètres. Sept autres accords couvrant des secteurs variés ont également été signés entre les deux pays lors de cette visite d’État.
La perspective d’un gazoduc transafricain
Le Sénégal pourrait jouer un rôle clé dans un projet de gazoduc reliant le Nigéria à l’Europe via le Maroc. Ce projet, soutenu par la CEDEAO et évalué à plusieurs milliards de dollars, viserait à transporter du gaz naturel à travers l’Afrique de l’Ouest. Le Sénégal, en tant que producteur émergent, pourrait bénéficier à la fois de l’infrastructure et des retombées économiques associées.
Lors d’un atelier organisé à Dakar, les autorités locales ont souligné l’importance de ce gazoduc pour diversifier les sources d’énergie et répondre aux objectifs environnementaux. Les récentes découvertes gazières renforcent les ambitions du Sénégal de devenir un acteur régional majeur.