La taxe sur la valeur ajoutée (TVA), instaurée le 10 avril 1954, marque son septième décennie d’existence. Inventée par Maurice Lauré, inspecteur des finances français, cet impôt, bien que critiqué pour son caractère uniforme, a joué un rôle révolutionnaire dans l’histoire économique du pays. Son adoption n’a pourtant pas été sans défis.
Dans les années 1950, le système fiscal français, confronté à une fraude croissante, peinait à répondre aux besoins du pays. Les mouvements de contestation fiscale, incarnés par l’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) de Pierre Poujade en 1953, soulignaient les lacunes du système en place.
Pour lutter contre cette fraude, l’État créa en 1948 la Direction générale des impôts (DGI), confiant à Maurice Lauré le mandat de réformer en profondeur le système fiscal. Lauré, diplômé de l’École polytechnique et ingénieur des PTT, conçut alors la TVA, une idée novatrice présentée dans son ouvrage de 1952 intitulé “La taxe sur la valeur ajoutée”.
La proposition de Lauré rencontra une opposition féroce, tant à gauche qu’à droite de l’échiquier politique. La gauche dénonçait un impôt injuste pour les consommateurs, tandis que la droite redoutait son impact sur les petites entreprises. Même au sein de la DGI, des réserves furent émises quant à l’introduction d’un dégrèvement.
Malgré ces oppositions, Maurice Lauré parvint à rallier le soutien nécessaire, notamment celui de Pierre Mendès France. Le 29 mars 1954, le projet de loi portant réforme fiscale fut adopté par l’Assemblée nationale, marquant ainsi la naissance officielle de la TVA.
Depuis sa création, la TVA a subi plusieurs ajustements, notamment avec son extension en 1966 pour inclure les petites entreprises. Elle a également conquis le monde, adoptée par plus de cent cinquante États, mais avec une exception notoire : les États-Unis.
Aujourd’hui, la TVA reste au cœur des débats fiscaux, notamment avec la proposition de TVA sociale, démontrant ainsi son importance continue dans le paysage économique mondial.
