A “grand débat”, big data et bon business

9 000 cahiers de doléances ouverts dans les mairies, des milliers de courriers électroniques envoyés aux administrations ou politiques, 2 millions de contributions déposées sur Internet… Les Français se sont passionnés pour le grand débat national lancé en début d’année suite à la crise des Gilets jaunes et dont la restitution a lieu au Grand Palais le 8 avril dernier. Mais comment analyser en un temps record (deux mois) une quantité gigantesque de données pour en faire une synthèse ? La question a agité l’exécutif qui a dû faire appel à des prestataires extérieurs en débloquant une enveloppe de 12 millions d’euros.

Algorithme

Pour faciliter l’exercice, l’exécutif a scindé la mission en deux parties distinctes. Les contributions en ligne, déposées sur le site du Grand débat, ont été analysées par l’institut de sondage OpinionWay qui fait appel à la start-up Qwam pour déchiffrer les réponses grâce à ses algorithmes. « Il y a eu un gros volume de données à traiter, explique Christian Langevin, PDG de Qwam, une entreprise de 17 personnes pour un chiffre d’affaires de 2 millions. Sans l’outil informatique, cela aurait pris un an à l’humain pour tout éplucher. » Quant au site, il a été réalisé à partir de la solution informatique de Cap Collectif, une civitech de 25 salariés en croissance de 80 % par an, qui travaille, en autre, pour la CFDT et des collectivités territoriales : « Il a fallu upgrader notre outil que le site puisse supporter le trafic qui a dépassé celui des sites d’e-commerce, avance Cyril Lage, le cofondateur. Le grand débat fera date et popularisera les consultations des citoyens via des plateformes web. »

600 propositions

Les autres contributions dites « libres » ont été épluchées par un consortium formé autour des sociétés Roland Berger, Bluenove et Cognito. Là aussi le challenge a été immense : « Nous avons dû faire face à deux défis majeurs : la volumétrie exceptionnelle des données à traiter et l’analyse des courriers ou comptes rendus en expression libre, explique Laurent Benarousse, associé à Roland Berger Strategy Consultants qui en épluchant les milliers de contributions a réussi à faire émerger 600 propositions. Peu importe le format ou la syntaxe, il a fallu extraire du sens. » Pour toutes ces entreprises, le Grand débat a permis de mettre en lumière leurs solutions. Par exemple, la star-up Bluenove est d’ores-et-déjà contactée par des entreprises du CAC40 pour établir leur « raison d’être », dispositif phare de la loi Pacte, via une consultation de leurs salariés.

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