« Macron démission ! »: plusieurs centaines de gilets jaunes se sont rassemblés samedi matin en périphérie de Rennes, pour dénoncer la hausse du prix du carburant envisagée par le gouvernement, avant d’envahir avec leurs véhicules le périphérique, perturbant fortement la circulation.
A la nuit tombée, des manifestants occupaient encore une portion de la rocade rennaise au niveau de la porte de Cleunay.
Face à la situation la préfecture d’Ille-et-Vilaine a décidé vers 20H00 de fermer la rocade, entre la porte de Bréquigny et la porte de Brest, « pour assurer la sécurité des manifestants ».
Les manifestants pourraient passer la nuit sur place, selon la préfecture qui se réserve la possibilité d’aviser en fonction de la situation.
Du côté des « gilets jaunes » rennais, ces derniers se sont félicités que la préfecture ait pris en compte leurs « doléances et revendications ».
Ils ont évoqué le chiffre « d’un millier » de manifestants encore présents sur le périphérique qui ont prévu d’y passer la nuit, sans camper, certains dans leurs voitures.
« Une assemblée a eu lieu et tout le monde veut rester sur place », a indiqué à l’AFP un porte-parole qui se fait appeler « Rennes Jean ».
Drapeaux bretons et gilets jaunes mélangés : à 10H00 dans une ambiance bon enfant, plus de 200 manifestants avaient commencé à se réunir sur le parking d’un cinéma du nord de Rennes, un des cinq points de rassemblement, avant de lancer une opération escargot, a constaté un journaliste de l’AFP.
Une haie de « gilets jaunes » a accueilli les véhicules des participants, les uns klaxonnant, les autres applaudissant alors qu’un brouillard tenace entoure le parking.
Quelques instants après avoir appris la mort d’une manifestante en Savoie, tuée par une automobiliste qui dit avoir paniqué, l’un des organisateurs, bonnet rouge sur la tête, rappelle à ses troupes les consignes de sécurité : « laisser libre la bande d’arrêt d’urgence », ne rouler que sur la voie de droite, laisser passer les véhicules de secours, de gendarmerie et police et aussi les véhicules avec des enfants.
Chez les manifestants, le ras-le-bol fiscal est dans toutes les têtes. Sur le dos du gilet jaune d’une manifestante est écrit : « Je suis Française et j’en ai ras-le-bol – Égalité, fraternité, liberté. » Sur un autre gilet on peut lire : « STOP – ras-le-bol fiscal ».
« Je veux bien payer, mais à un moment donné il faut que ce soit égalitaire et que tout le monde paie », dit Christian, cadre de 52 ans.
« Si je suis là aujourd’hui, c’est un peu pour tout, pas seulement le carburant. Si on fait le calcul de tout ce qu’on paie, ils prennent tout. Et la hausse du carburant, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », estime Alan, un informaticien de 28 ans. Ludovic, 24 ans, qui travaille dans l’industrie, est venu pour dire « non à la hausse du carburant » et se dit « solidaire par rapport à tous ceux qui sont ici aujourd’hui ».
Une demi-heure plus tard, l’opération démarre et les convois affluent des points de rendez-vous établis en périphérie de Rennes. Sur le périphérique, plusieurs centaines de véhicules roulent au pas et s’arrêtent pour bloquer par à-coups la circulation dans les deux sens.
De longues files de véhicules mouchetées de jaune fluo s’étendent à perte de vue. Là où trois voies existent, deux sont complètement bloquées, parfois les trois.
Les véhicules de tête s’arrêtent régulièrement pour saluer d’autres gilets jaunes rassemblés sur les ponts, sortant de leur véhicule pour crier en choeur « Macron démission ! » et lancer le blocage.