Affaire Berezovski : le Château de la Garoupe confisqué, la condamnation d'un agent immobilier confirmée

L’agent immobilier Jean-Louis Bordes, le seul à comparaître dans l’affaire de blanchiment d’argent russe sur la Côte d’Azur impliquant l’ancien oligarque russe Boris Berezovski mort en 2013, a vu sa condamnation confirmée par la Cour de cassation, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

M. Berezovski était l’un des premiers nouveaux riches russes à avoir jeté son dévolu sur le Cap d’Antibes, où le milliardaire Souleïman Kerimov est soupçonné par la justice française voir acheté plusieurs villas d’exception sous un prête-nom et pour des montants sous-déclarés.

M. Bordes, 80 ans, avait été condamné à Marseille à deux ans de prison avec sursis. Sa peine avait été réduite en appel le 8 décembre 2015 à un an de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende, assortie d’une amende de 500.000 euros pour sa société, la Sifi, basée près de Monaco, et de la confiscation du château de la Garoupe sur la presqu’île d’Antibes.

« Des pourvois ont été formés et la Cour de cassation les a rejetés le 25 octobre 2017 », a indiqué le parquet d’Aix-en Provence à l’AFP.

Lors du procès à Marseille, les avocats de M. Bordes avaient plaidé la relaxe de leur client, estimant notamment qu’à l’époque des faits, il n’y avait aucune « obligation de vigilance » sur les opérations suspectes de blanchiment. Pour l’accusation, M. Bordes avait été au contraire « omniprésent et ne pouvait pas ignorer les conditions dans lesquelles il demandait les fonds, et d’où les fonds arrivaient ».

Eminence grise de Boris Eltsine, tombé en disgrâce à l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, Boris Berezovski s’était réfugié en 2001 en Grande-Bretagne. Il y est mort en 2013, dans des circonstances restées floues.

Après son départ de Moscou, la justice russe avait multiplié les poursuites contre lui. Elle l’accusait notamment d’avoir profité de son influence politique pour faire nommer des amis à des postes clés d’Aeroflot et organisé le détournement d’argent au détriment de la compagnie aérienne russe. Elle l’avait condamné, en 2007, à 6 ans de prison dans cette affaire.

La justice française, sollicitée par la Russie, a mis plus de 10 ans à démêler un entrelacs de sociétés dans le monde entier et retracer les flux d’argent ayant servi à l’acquisition pour 8,4 millions d’euros, via la société Sifi gérée par M. Bordes, du château de la Garoupe, en décembre 1996 puis l’année suivante, de la propriété voisine Le Clocher de la Garoupe acquise pour 13,5 millions. En 2001, l’oligarque russe était devenu propriétaire d’une autre villa pour un prix de 11,5 millions d’euros et un terrain évalué à 1,3 million.

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