Quelques heures avant cette annonce, le Financial Times avait indiqué pour sa part que l‘avionneur européen préparait un plan de réduction des coûts, qui pourrait comporter des suppressions d’emplois. Objectif affiché : limiter les effets négatifs des difficultés rencontrées dans la production de l’A380 et de l’A400M. Selon le journal anglo-saxon, le plan viserait notamment à supprimer certains postes en doublon dans la division aviation civile de l’entreprise, laquelle représente 70% de ses revenus.
« Il y a des transferts de postes, il y a des gens qui bougent donc forcément il va y avoir des mesures sociales nécessaires pour y arriver« , a déclaré pour sa part Marwan Lahoud, interrogé sur la fusion entre Airbus Group et sa branche d’aviation commerciale en tant que responsable de l’international, des affaires publiques et de la stratégie. Précisant par ailleurs que l’ampleur de ces mesures serait définie « quand on sera au bout du processus social avec les partenaires sociaux ».
« Le premier poste d’économie viendra de la simplification elle-même« , a également indiqué M. Lahoud ajoutant qu’ »aujourd’hui les interactions entre les deux sièges sont génératrices de bureaucratie et de complexité ».
Le 29 septembre dernier, Airbus Group avait annoncé une réorganisation interne passant via le biais d’une fusion avec Airbus, sa filiale d’aviation commerciale qui représente plus des deux tiers de son activité. Toutes les divisions (Airbus Avions Civils, Airbus Helicopters et Airbus Defence and Space) seront ainsi réunies sous la seule marque d’Airbus. Airbus Group avait indiqué dans un communiqué que cette fusion est justifiée par une »simplification de la gouvernance » et une « optimisation de l’efficacité« .
Cette nouvelle entité sera dirigée par Tom Enders, en tant que CEO (président exécutif), tandis que le patron de la branche d’aviation commerciale, Fabrice Brégier, prendra de nouvelles fonctions de directeur des opérations (Chief Operating Officer, COO) en plus de celles actuelles de président d’Airbus Commercial Aircraft.
Tom Enders poursuit notamment ainsi le processus de mutualisation des fonctions, en fusionnant les équipes RH et finances d’Airbus Group et d’Airbus. « Les sureffectifs sont importants, c’est là qu’il peut escompter dégager plusieurs centaines de millions d’euros d’économies« , avaient alors précisé des sources proches du constructeur.
Samedi dernier, le président d’Airbus, Fabrice Brégier, avait indiqué quant à lui dans le cadre d’un entretien avec « Le Monde » que la fusion permettra de supprimer les doublons des fonctions « supports » (logistique, achats, support client et qualité), considérées comme des métiers transversaux intervenant en appui des fonctions de conception et production. Souhaitant très certainement calmer le jeu et ne pas effrayer les salariés outre mesure, il avait jugé « prématuré » de dire qu’il y aurait des licenciements.
« La logique est d’étudier maintenant, dans le détail, dans les deux mois qui viennent, fonction par fonction, ce qui doit être fait pour appliquer ce qui vient d’être décidé, entre autres un seul siège social, à Toulouse », a également déclaré M. Brégier. « Aujourd’hui, nous ne parlons que de fonctions supports« , a-t-il précisé. « Les activités opérationnelles d’Airbus ne sont pas touchées évidemment par la fusion de sièges sociaux ».
Pour rappel, en juin dernier, Airbus Group, la maison -mère d’Airbus, a inauguré son nouveau siège mondial à Toulouse, auparavant partagé entre Paris et Ottobrunn, en Allemagne, près de Munich. Le site toulousain abrite désormais 1500 salariés. Tom Enders avait ainsi voulu en finir avec une organisation bancale bâtie autour de deux sièges pour un même groupe aéronautique.
« Nous réfléchissons sans cesse à des solutions et des moyens pour être plus efficaces, pour faire en sorte que nos opérations soient moins coûteuses, mais également nos administrations et nos structures administratives et, comme je l’ai déjà dit fin juillet, nous sommes en train d’y réfléchir », avait déclaré quant à lui le patron d’Airbus Group, Tom Enders en septembre dernier, en marge de l’inauguration de la « Leadership University » d’Airbus à Blagnac, près de Toulouse, où se situe le siège administratif du constructeur.
« On essaie de diminuer nos coûts, en essayant de faire des synergies et d’éviter les duplications« , avait déclaré pour sa part Thierry Baril, directeur des ressources humaines pour Airbus Group. Le directeur rappelant que le groupe, qui emploie près de 140.000 personnes dans le monde, avait « déjà adapté ses effectifs à la réalité ». Soulignant également que la venue de Tom Enders à la tête de l’avionneur, en 2012, avait déjà coïncidé avec des « efforts d’optimisation des structures ».
Les syndicats s’inquiètent d’ores et déjà d’un plan social. « Chaque restructuration du groupe a été suivie, hélas et accompagnée d’un plan social, c’est pourquoi nous restons vigilants« , a ainsi déclaré début octobre Françoise Vallin, coordinatrice CFE-CGC au sein d’Airbus Group. »Cette réorganisation, avec la création d’un siège unique pour Airbus Group et Airbus SAS, va essentiellement toucher les fonctions support, ressources humaines et administration » , a précisé la syndicaliste. Laquelle redoute les risques de doublons … et donc les suppressions de postes.
« Cette réorganisation était prévisible mais elle suscite beaucoup d’interrogations, la mutualisation va entraîner des sureffectifs d’où nos craintes sur d’éventuelles suppressions de postes« , a expliqué pour sa part Xavier Pétrachi, délégué CGT du personnel chez Airbus.
Sources : AFP, Le Monde, Radio Classique, Reuters
Elisabeth Studer – 6 octobre 2016 – www.leblogfinance.com