Selon Vincent Guenzi, stratégiste de Cholet Dupont, les doutes reviennent sur les places financières après un été plutôt calme. « Tensions diplomatiques avec la Turquie, baisse des devises émergentes et craintes d’une contagion, doutes sur le budget italien, retour des tensions commerciales avec la Chine ont été les catalyseurs. Mais, assez vite, il est apparu que ni la Turquie, ni l’Argentine a fortiori, ne constituaient des risques systémiques pour le système financier. » En Italie, l’heure de vérité approche avec le projet de budget qui sera dévoilé en fin de mois. « Il nous semble que le gouvernement italien n’a pas le choix et qu’il sera obligé d’étaler son programme tout en négociant un arrangement avec Bruxelles. Nous tablons donc sur un prochain apaisement. »
Selon cet expert, une éventuelle escalade des mesures protectionnistes américaines et de ses partenaires reste le risque le plus important. Si un arrangement devrait être trouvé avec le Canada et avec l’Europe, « la partie de poker de Donald Trump avec la Chine est plus difficile car aucun des deux joueurs ne veut perdre la face. La montée des tensions commence à affecter l’activité industrielle mondiale qui s’affaiblit légèrement. Or, il ne faut pas s’attendre à un apaisement définitif rapidement. »
Dans ce contexte, « les prochaines semaines peuvent être turbulentes, ce qui incite à rester prudent. Même si les actions américaines restent les favorites du monde entier, une consolidation n’est pas exclue. Il faut donc conserver des liquidités afin de profiter de tout repli pour acheter des actions américaines et, si la situation italienne le permet, des actions européennes y compris les plus en retard comme les banques ou certaines valeurs cycliques. »
Si Vincent Guenzi est neutre sur les actions à court terme, il sous-pondère les européennes, les sud-américaines et celles d’Europe de l’Est au profit de Wall Street. A moyen terme, il préconise toujours une surpondération des titres américains et européens, ces derniers disposant d’un potentiel d’appréciation de 7 % d’ici la fin de l’année avec un objectif de 5.700 points sur le Cac 40.
Dans le domaine obligataire, où la neutralité s’impose à court terme et la sous-pondération à moyen terme, une seule classe d’actifs est privilégiée pour le moyen terme : les convertibles du Vieux Continent. En revanche, les emprunts d’Etat européens bien notés sont sous-pondérés sur les deux périodes, tout comme les sociétés privées bien notées, la dette émergente et le haut rendement américain.
L’avis d’Investir
Nous anticipons aussi un mois de septembre volatil propice à des renforcements en cas de faiblesse passagère des indices, courante à cette période de l’année. Pour l’heure, nous sommes neutres sur les actions. Mais nous conseillerions des renforcements dans l’hypothèse d’un Cac 40 aux alentours de 5.100 points.