Mi-février, plusieurs interrogations sont apparues, remarque Vincent Guenzi, stratégiste de Cholet Dupont. « Le plan de relance américain n’est-il pas surdimensionné alors que l’activité économique est déjà bien orientée ? L’inflation ne pourrait-elle pas s’emballer ? La forte remontée du prix du pétrole et des matières premières n’est-elle pas un signe précurseur, face à l’amélioration de la conjoncture et au risque inflationniste, les banques centrales seront-elles obligées de réduire leur soutien monétaire ou de remonter les taux prématurément ? La conséquence de toutes ces interrogations a été une accélération de la hausse des taux à 10 ans américains qui ont dépassé 1,5% avec une contagion en Europe où les taux sont remontés à 0,3% en moyenne. »
Grâce à des achats sur les valeurs en retard, les indices actions ont bien résisté malgré des prises de bénéfices sur les titres les plus chers et les plus sensibles à la hausse des taux. Selon Vincent Guenzi, « nous amorçons un nouveau cycle économique après une récession mémorable et celui-ci ne va pas s’arrêter brutalement. Nous avons du temps devant nous.»
Vers des phases de volatilité, mais pas de retournement de tendance
Certes, les banques centrales commenceront à déduire leurs achats d’actifs et leurs injections de liquidités quand la reprise économique sera pérenne. Cela aura pour conséquence une stabilisation des PER, mais elle sera compensée par le rebond des profits qui alimentera la hausse des cours. « Globalement, les actions restent peu chères par rapport aux obligations, même après la récente remontée des taux. Elles disposent encore d’une marge de sécurité importante avant de souffrir réellement de la concurrence des obligations, surtout en Europe. Dans un tel contexte, la tendance haussière des marchés actions n’est pas terminée. Des phases de volatilité surviendront régulièrement, pouvant entraîner des replis des indices de 5 à 10%, ce qui est la norme. Mais il ne faut pas confondre ces corrections avec un retournement de tendance qui est peu probable à ce stade du cycle économique et boursier. »
Vincent Guenzi reste donc surpondéré en actions à court et moyen terme. Son taux d’investissement en actions est même monté à 60,2%. A court terme, l’accent est mis sur les actions américaines (couvertes du risque de change), européennes et asiatiques hors Japon au détriment des sud-américaines et est-européennes. A moyen terme, aucune zone géographique n’est sous-pondérée.
Au chapitre obligataire, les obligations convertibles et à haut rendement européennes sont privilégiés à court et à moyen terme au détriment des emprunts d’Etat américains et européens les mieux notés.
L’avis d’Investir
La récente hausse des places financières nous incite, dans une optique à court terme et dans un but opportuniste, à préconiser une sous-pondération des actions dans l’hypothèse d’un Cac 40 au-dessus de 6.000 points. A ce niveau, le risque nous semblerait asymétrique, avec un potentiel de progression inférieur au risque de baisse.