D’après les estimations de certains organismes comme la Banque mondiale ou le Centre for Economics and Business Research (CEBR), la Chine pourrait devenir la première puissance économique mondiale d’ici 2028 à 2030, à condition, toutefois, qu’elle maintienne un taux de croissance d’environ 5,5% par an.
Alors que 2020 fut très difficile pour une grande partie des pays en raison de la crise sanitaire, la Chine a été l’une des rares économies au monde à dégager de la croissance : son produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,3%, selon les données officielles dévoilées par Pékin. L’objectif de 5,5% de croissance annuelle peut sembler ambitieux de prime abord, mais il ne l’est pas tant que ça quand on sait que le PIB a bondi de 18,3% sur un an au premier trimestre 2021.
Vieillissement de la population, un enjeu majeur
Si la Chine souhaite effectivement devenir la première puissance économique mondiale, elle doit, dans un premier temps, répondre au grand défi que représente le vieillissement de sa population. Aujourd’hui, le taux de fécondité est descendu à 1,3 et « toutes choses étant égales par ailleurs, cela pourrait conduire, à la fin du siècle, à une population globale autour de 750 millions d’habitants », a indiqué Jacques de Panisse, le président du directoire d’Optigestion. Cela représente une chute de près de 50%… par rapport au 1,4 milliard d’habitants recensés aujourd’hui. L’impact est considérable, le défi aussi.
Pourquoi le taux de fécondité est-il resté aussi bas ? Chunyan Li, fondatrice de Feida Consulting, a donné quelques éléments de réponse. « En Chine, élever ses enfants et payer leur éducation coûtent cher, explique-t-elle. Aujourd’hui, les jeunes couples subissent beaucoup de pression pour acheter un appartement, par exemple. La structure familiale étant différente de celle des pays occidentaux, ils n’ont souvent pas, non plus, assez de ressources pour s’occuper des parents, grands-parents et enfants en même temps. Par conséquent, ils n’ont pas même profité pleinement de la politique de deux enfants par couple. »
Vers une internationalisation du RMB
Autre défi à relever dans le but de devenir le ténor de l’économie mondiale, s’affranchir de la dépendance du système monétaire américain. Utilisé dans plus de 40% des paiements internationaux, le dollar est aujourd’hui la monnaie de réserve mondiale. Il permet aux Etats-Unis de pratiquer sa gestion de l’extraterritorialité et d’imposer le respect de ses lois à toute personne qui règle en dollar. « Si la Chine envisageait de devenir monnaie de réserve de l’Asie dans un premier temps, et peut-être à une échelle plus importante dans un deuxième temps, cela lui permettrait de s’affranchir de ces contraintes et de ne plus régler en dollar les échanges avec ses partenaires commerciaux », a ajouté Jacques de Panisse.
« Dans le contexte actuel lié à la rivalité sino-américaine, cela serait très bénéfique pour la Chine d’internationaliser le RMB. Elle veut devenir moins dépendante des technologies américaines et du système monétaire américain », complète Chunyan Li.
Toutefois, il reste encore du chemin à parcourir, notamment pour le soft-power chinois, cette habileté à séduire et à attirer. Il demeure encore insignifiant en Occident, surtout si on le compare à l’influence américaine. « C’est un grand défi pour la Chine si elle veut devenir une super puissance mondiale et pas seulement une puissance mondiale », conclut la fondatrice de Feida Consulting.