On aurait pu croire que dans la panique provoquée par la crise sanitaire, les bonnes résolutions en faveur d’un investissement responsable passeraient au second plan. Il s’est produit l’effet inverse, les investisseurs se tournant massivement vers les valeurs vertes (Schneider Electric, Neoen, Voltalia, etc.) et vers les fonds d’investissement socialement responsable (ISR). Alors que, à l’exception des fonds monétaires, toutes les classes d’actifs ont subi des rachats en 2020, tel n’a pas été le cas des fonds qui respectent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Selon Quantalys, entre janvier et novembre 2020, les fonds d’actions estampillés ESG ont collecté 88 milliards d’euros.
De belles surperformances en 2020
Désormais, les encours de fonds d’actions ESG représentent 394 milliards d’euros, soit 18,5% du marché européen, ceux des fonds obligataires ESG 152 milliards, soit 9,8 %, et ceux des fonds diversifiés 43 milliards (6,2 %). Pour ces trois classes d’actifs, les supports ESG ont une part de marché moyenne de 13,5 %, avec 588 milliards.
Cette montée en puissance devrait se poursuivre en raison des surperformances dégagées. En 2020, elle s’est élevée entre 1 % et 3,5 % par rapport aux fonds non ESG pour les fonds d’actions européennes, de la zone euro, internationales, américaines et émergentes. Elle a été de 2,2 % pour les fonds d’obligations internationales et de 0,4 % pour les emprunts de la zone euro. Sur cinq ans, les surperformances annualisées sont toutefois plus faibles, puisque comprises entre 0 % et 1 % pour toutes ces catégories. En effet, une grande partie de la surperformance de l’an dernier s’explique par les biais sectoriels : ces fonds sont moins exposés au pétrole, aux matières premières et aux banques, des secteurs qui ont souffert en 2020. A contrario, ils ont profité de l’engouement du marché pour les valeurs de croissance.
Relance verte
Les placements « responsables » devraient être soutenus à l’avenir par les plans de relance massifs des Etats face à la crise sanitaire, qui ont placé la transition écologique au cœur de leurs préoccupations. En France, 30 milliards d’euros doivent y être consacrés en deux ans (transport, rénovation des bâtiments, technologies vertes…). Les sociétés de gestion, elles, espèrent bien surfer sur cette vague verte, mais dans leur projet, leur champ d’action s’élargit de plus en plus du E d’environnement au S de social.