Dans cinq mois auront lieu les élections présidentielles américaines. Mais Capital Economics avertit d’ores et déjà que la Bourse ferait bien de ne pas trop attendre pour commencer à intégrer une victoire du démocrate Joe Biden qui ferait du tort aux marchés d’actions américains.
« Les investisseurs pourraient bientôt devoir ‘pricer’ un changement de direction significatif dans la politique américaine », prévient l’économiste de marchés Jonas Goltermann. Les démocrates se sont engagés à augmenter l’impôt sur les sociétés et à revoir le système de soins, rappelle-t-il, ce qui « comprimerait les bénéfices des entreprises du S&P 500. » De même qu’une réglementation plus stricte des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), voire un démantèlement, serait préjudiciable à la Bourse.
« Bien sûr, beaucoup de choses peuvent changer », d’ici à l’élection, mais Donald Trump est donné très largement perdant dans les sondages. C’était aussi le cas en 2016, à quelques mois des élections, mais le contexte est aujourd’hui différent.
« Les sondages électoraux placent [Donald Trump] à plus de neuf points derrière son rival démocrate et à peine plus haut dans les États du Midwest », où il y a une résurgence du coronavirus, dans l’Iowa notamment. Certains de ses électeurs lui reprochent la gestion de la crise sanitaire. Actuellement, le Covid-19 frappe fortement les Etats du sud, dirigés pour la plupart par des gouverneurs républicains. Suite au confinement, pourtant partiel aux Etats-Unis, l’économie est entrée en récession. Le taux de chômage y était encore à deux chiffres en juin, et cela malgré la levée des restrictions.
La cote d’approbation de Trump (bleue) approche des 40% tandis que la cote de désapprobation (noire) tend vers 60%. La Chambre des représentants est déjà à majorité démocrate. Bien que les parlementaires de la Chambre basse du Congré vont remettre leur siège en jeu le 3 novembre, le même jour que les élections présidentielles et sénatoriales, l’avantage est toujours aux représentants sortants.
« Alors que le nombre de nouveaux cas de coronavirus a augmenté, la cote de popularité déjà faible du président Trump a encore diminué, constate Jonas Goltermann. À ce stade de la campagne, sa cote est pire que celle de tous les présidents qui se sont présentés à leur réélection depuis la Seconde Guerre mondiale, à l’exception de celles de Jimmy Carter et de George H.W. Bush qui ont tous deux perdu. »
Des Etats « sûrs » bien partis pour changer de camp au Sénat
Non seulement Donald Trump a de grandes chances de quitter la Maison-Blanche, mais en plus « les sondages suggèrent aussi maintenant que les républicains risquent de perdre plusieurs sièges au Sénat, de ceux qui jusque-là étaient considérés comme sûrs, comme l’Iowa, la Géorgie et le Montana. » Se basant sur PredictIt, un site spécialisé dans les calculs de prédiction des évènements politiques et financiers, l’économiste voit que les démocrates ont « de bonnes chances d’obtenir une grande majorité (bien qu’une super-majorité de 60 sièges semble toujours hors de portée). »
Pourquoi est-ce si important ? « Cela permettrait à Biden de faire passer facilement son programme » et, peut-être, « cela pourrait l’encourager à des changements plus radicaux. En outre, une victoire importante donnerait aux démocrates une meilleure chance de garder le contrôle du Congrès lors des élections de mi-mandat de 2022. »