« L’inflation comparée va perturber la donne pour les banques centrales et les marchés financiers, c’est, pour moi, le plus grand risque pour les marchés, au-delà de la Covid-19 et d’éventuels retards dans les campagnes de vaccination qui pourraient remettre en cause les anticipations, a lancé John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabaud, lors d’une visio-conférence avec la presse financière mardi 12 janvier. Le rendement de l’obligation d’Etat américaine à 10 ans va passer de 1,20 à 1,50 assez rapidement, ce qui va faire réfléchir les investisseurs et cela n’est jamais très bon pour les marchés financiers. Les banques centrales vont devoir être bonnes dans le ‘wording’ et les ‘forward guidance’ plus que dans les actes. » A partir de 1,50%, la thématique du krach obligataire va revenir sur la table, estime l’expert.
A partir de la mi-2021
En 2021, l’inflation va donc faire son grand retour. Si elle reste aujourd’hui extrêmement basse, les effets de base provoqués par le profil mensuel des indices des prix à la consommation l’an dernier, notamment dans les services, sont défavorables et plaident pour une accélération des prix, en particulier à partir du milieu de l’année. « Idem pour l’énergie », estime John Plassard. La progression des salaires ne devrait toutefois pas être visible. Tout cela va compliquer la tâche des banques centrales. En 2020, elles n’ont pas ménagé leurs efforts. « Elles ont répondu présent pour sauver les marchés. La rapidité avec laquelle les banques centrales sont entrées dans la danse et les injections de liquidités réalisées sont historiques », a rappelé la maison de gestion.
En 2021, les Etats vont prendre le relais. Aux Etats-Unis, le futur président, le démocrate Joe Biden, doit dévoiler, jeudi 14 janvier, les grandes lignes de son plan de relance. Avec un Congrès acquis à sa cause, il sera plus facile de faire passer certaines réformes, mais le volet fiscal ne sera certainement pas abordé cette année. Dans l’Union européenne, on attend la mise en place du plan de 750 milliards d’euros. Le mot d’ordre, pour les banques centrales comme les gouvernements, est qu’il faut sauver l’économie, quitte à faire exploser la dette et le bilan des institutions monétaires.
En matière d’allocations d’actifs, Yann Azuelos, responsable de la gestion financière chez Mirabaud, se dit « convaincu » qu’il y a un alignement des planètes favorable aux actions. En 2021, l’agenda politique sera allégé, après une année d’élections américaines, le déploiement de la vaccination va s’accélérer et les banques centrales vont demeurer accommodantes.