C’est la coutume chez Portzamparc. Chaque début de mois, les analystes du bureau nantais sélectionnent, parmi l’échantillon de petites et moyennes valeurs qu’ils couvrent, celles qui leur semblent avoir le plus de potentiel haussier à court terme, tout en tenant compte de la qualité de leurs fondamentaux. Ainsi, pour le mois d’avril, quatre des cinq valeurs usuellement retenues ont quitté la « short list » du cabinet. Les entrées du mois dernier (2CRSI, Réalités et Séché Environnement) et Akka Technologies font leur sortie, pour cause principalement d’absence de news flow. Elles sont remplacées par Aures Technologies, CS Communication et Systèmes, High Co et Lumibird. Seule rescapée du mois de mars, Manitou reste aux commandes de la liste pour avril.
Manitou. Objectif de cours : 40,3 euros.
Habituée de cette liste de favorites, la valeur avait été choisie en mars pour profiter de la réaction du marché à des résultats que Portzamparc attendait solides, et pour jouer un potentiel relèvement des prévisions qu’il jugeait prudentes pour 2019. Or, si la direction du leader mondial de la manutention tout-terrain s’est montrée confiante (prévoyant, pour cette année, une croissance organique de 10% et une nouvelle progression de la marge opérationnelle de 40 points de base, autour de 7,3%), le marché, timoré, a peut être sanctionné l’ampleur de la prévision au regard de l’objectif, inchangé, d’une marge de 8% à horizon 2022.
Toutefois, à court terme, les analystes s’attendent à un premier trimestre « très dynamique » (+13,3% de croissance attendue) au vu de la bonne tenue des marchés finaux et des prises de commandes. Une performance qui devrait être soutenue par « la montée en puissance de l’appareil de production (…) finalisé[e] en fin d’année », ajoutent-ils. Par ailleurs, lors du salon allemand bauma la semaine prochaine (plus grand salon mondial du BTP), « Manitou devrait présenter une gamme électrique, un marché (23 milliards d’euros en 2018) encore inexploré par la société » indique Portzamparc, qui confirme son conseil d’achat et son cours cible de 40,3 euros, soit un potentiel de près de 60%.
Aures Technologies. Objectif de cours : 39 euros.
« Des bonnes surprises à venir ? », s’interroge Portzamparc à propos de la publication, le 26 avril prochain, des comptes du spécialiste des terminaux destinés à la gestion de l’encaissement. Si le titre a bien réagi dans le sillage de l’annonce d’une croissance de 20% du chiffre d’affaires en 2018, à 102,7 millions d’euros, malgré un ralentissement au second semestre (-0,9% à données constantes), il a « sans aucune nouvelle » chuté de 20% depuis, note Portzamparc. Dès lors, le dossier présente des niveaux de valorisation « intéressants », selon le cabinet : à 7,2 fois la valeur d’entreprise/résultat opérationnel à douze mois, l’action se traite avec une décote de 19% au regard du ratio historique.
Le rendez-vous des comptes annuels sera l’occasion pour Aures Technologies « de préciser sa guidance 2019 et de faire un premier point sur l’acquisition de RTG, indique Portzamparc avant d’ajouter, Nous restons confiants dans la capacité du groupe à nous surprendre cette année avec le développement de l’activité Bornes, l’arrivée sur le marché de la nouvelle gamme TPV et le gain de contrats grands comptes notamment suite aux premières synergies commerciales avec RTG. » Le conseil d’achat sur le titre est réitéré et l’objectif de cours maintenu à 39 euros, soit un potentiel de hausse de plus de 30%.
CS Communication & Systèmes. Objectif de cours : 6,1 euros.
Si son nom peut paraître trompeur, le groupe CS opère davantage dans la cybersécurité que la communication. Leader français du contrôle du trafic aérien, cette société fournit des prestations de conseil et de maîtrise d’œuvre à l’ensemble de l’industrie des transports, de l’énergie et de la défense. Fin février, en publiant un chiffre d’affaires de 201,5 millions d’euros, soit une progression de 13,6% sur un an (dopée par la forte croissance de 26,3% des ventes au second semestre), le groupe a surpris agréablement le marché, ce qui a conduit à un bond de 9% sur la séance. C’est sur ce « nouveau profil » de croissance organique que l’équipe d’analystes veut miser, confortée par l’augmentation des prises de commandes (ratio de commandes record à 1,21 fois le chiffre d’affaires), sans compter celles affiliées « aux tranches conditionnelles de deux méga-contrats dans la défense, à reconnaître en prises de commandes au cours des prochaines années », souligne la note.
Du coup, la publication de ce vendredi devrait logiquement dévoiler une forte progression de la rentabilité en 2018, particulièrement sur la fin d’année. Les analystes s’attendent à une amélioration de la marge opérationnelle de 30 points de base, à 7,3%. L’embellie pourrait même être plus forte en 2019, Portzamparc considérant « probable » l’atteinte, avec deux ans d’avance, de l’objectif du groupe d’une marge opérationnelle à 8% des ventes, du fait de l’intégration en année pleine de Novidy’s – société de cybersécurité acquise mi-2018.
HighCo. Objectif de cours : 7,4 euros.
Dans un domaine où les investissements et les recrutements sont constamment nécessaires pour être à jour des derniers process de ciblage marketing sur tous les canaux, HighCo est de ces entreprises qui parviennent à préserver leurs marges. C’est au motif d’un « moteur du digital [qui] accélère de nouveau » que Portzamparc fait entrer le dossier dans son Top 5. A l’image du mobile et du drive, qui restent des « drivers significatifs » estime Portzamparc, le digital a retrouvé une croissance interne à deux chiffres depuis le troisième trimestre. La tendance va perdurer. De quoi porter la croissance organique du groupe, dans son ensemble, à 3,3% en 2019, selon le cabinet, alors que la direction vise une progression de l’activité d’au moins 2,6%, soit le rythme atteint en 2018, contre une hausse de seulement 1,4% en 2017. Pour les analystes, cette performance devrait être amplifiée par des acquisitions (comme la montée, en juillet, à 100% du capital de l’agence conseil en stratégie mobile Useradgents) mais sans peser sur l’objectif de marge opérationnelle fixé par la société à 18,4% pour 2019, après une hausse de 20 points de base en 2018, à 18,3%.
Le point sur l’activité au premier trimestre, fin avril, devrait révéler une poursuite de l’accélération. Par ailleurs, la dimension spéculative, liée au possible mouvement du britannique WPP (premier actionnaire avec 34% du capital, mais qui n’a jamais développé de synergies avec HighCo), reste un catalyseur, tout comme une « reconfiguration du capital avec endettement » (type LBO), du fait de la forte génération de cash.
Lumibird. Objectif de cours : 20,5 euros.
Dernier élu dans le top 5 des experts nantais en petites valeurs, la société rebaptisée Lumibird à l’occasion de la fusion en octobre 2017 entre Quantel (spécialiste des lasers à solides, diodes laser et équipements médicaux) et Keopsys (spécialiste des technologies de lasers à fibre, encore plus puissants). C’est peu dire que cette fusion fait sens. En 2018, pour un chiffre d’affaires en hausse quasi organique de 18%, franchissant tout juste la barre des 100 millions d’euros, l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) a bondi de 62%, tiré par celui de la division laser (progression 3,5 fois plus importante que les facturations, notamment du fait des synergies opérationnelles), soit une marge de 16,4% (dont 21,2% dans les lasers). Dans ce contexte, le résultat opérationnel a plus que doublé (+125% à 11,4 millions), tout comme le bénéfice net (+131% à 8,1 millions). Si les derniers résultats annuels sont « de qualité », Portzamparc s’attend à une « accélération de la croissance au premier trimestre », à 31%, soit 23,4 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cette estimation est fondée sur un effet de base favorable (les facturations avaient fléchi de 4,9% sur les trois premiers mois de 2018) dû à des retards industriels résolus à fin juin dernier, indique Portzamparc, ajoutant que « la poursuite d’une forte croissance de l’activité Capteurs Lidars (…) devrait profiter de la multiplication par 4,7 de ses capacités de production (700 pièces par mois fin décembre, contre 150 en janvier 2018) » et contribuer à dynamiser les ventes cette année. Au second semestre, le bureau estime que la « très bonne dynamique du Médical (…) devrait continuer de profiter des nombreux lancements de produits ».