Le dicton est connu : « Sell in may, and go away ». Et si, cette année, il disait vrai. En tout cas, chez Pictet AM, il a été décidé de réduire allocation en faveur des actions, passant le portefeuille de « positif » à « neutre ». « Nous ne sommes pas sur des niveaux de bulle, mais le marché est revenu sur les niveaux de 2018, époque où les opérateurs pensaient que la Fed allait réduire sa politique monétaire », explique Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement de la maison de gestion, ajoutant que son objectif de début d’année d’une hausse de 10% des actions est désormais atteint. La plupart des bonnes nouvelles sont déjà intégrées dans les cours, et le marché pourrait caler.
« Sur le cycle économique, nous sommes probablement en train de vivre le pic, ajoute l’expert. Les nouvelles à venir seront bonnes, mais un peu moins bonnes » qu’aujourd’hui. Aux Etats-Unis, l’indice PMI composite a culminé à 63,5 en avril, un niveau qui n’avait pas été atteint depuis octobre 2009, au lendemain de la grande crise financière. On remarque un violent rebond des services, alimenté par le déploiement rapide des vaccins. La Chine a atteint son rythme de croisière.
Juin ou août
Du côté de l’inflation, les pressions continuent de monter. Si Frédéric Rollin se dit persuadé qu’il s’agit d’un phénomène transitoire, force est de constater que, sur les marchés financiers, les convictions se craquellent et que la Bourse devient plus hésitante. Les regards, qui se tournent déjà vers la Réserve fédérale américaine, pourraient devenir plus insistants au fil des semaines. D’après Pictet AM, la Fed « devrait bientôt commencer à montrer des signes de resserrement politique monétaire. »
Les taux implicites se trouvent sur des niveaux records de faiblesse et les créations d’emplois sont soutenues. « Trois rapports sur l’emploi américain très forts alimenteront des pressions supplémentaires » sur l’institution, croit-il deviner. Quand le changement de braquet aura-t-lieu ? Au plus tôt en juin, si les données en provenance du marché du travail le permettent, ou alors en août à l’occasion du symposium économique de Jackson Hole. « Nous ne sommes pas vendeur actions,mais on se dit que c’est probablement le moment de prendre des bénéfices. »