Peter Garnry, chef stratégiste chez Saxo Bank et qui avait mis en garde contre une forte baisse du marché, estime « qu’il s’agit d’une correction saine sur les marchés actions, mais également qu’elle ne durera pas dans la mesure où le rendement de l’emprunt américain à dix ans n’est pas dans la zone de danger. Celle-ci se situe plus probablement autour de 3,5%-4% ».
Il est trop tôt pour prédire un « bear market ». Pour lui, « Après la correction, les investisseurs en actions vont probablement acheter en fonction de l’inflation et faire remonter les actions, ce qui est un comportement classique de fin de cycle vu pour la dernière fois en 2007 », en précisant que la baisse des actions au niveau mondial pourrait atteindre 7% à 10%.
Alexandre Baradez, responsable de la stratégie marchés chez IG
« La hausse des taux souverains ces dernières semaines a créé l’environnement favorable à un retour de la volatilité sur les marchés avec beaucoup d’interrogations sur l’action des banques centrales en 2018. La succession de bons chiffres pour les Etats-Unis et l’Europe ces derniers temps a mis le feu aux poudres. Les propos de Kaplan (Fed) ce week-end ont également alimenté la méfiance sur les intentions de la Fed dans les mois qui viennent, ce dernier parlant de trois, voire quatre hausses de taux. Ce mouvement sur actions ressemble plus à une violente correction qu’au début d’une phase durable d’aversion au risque comme celle des subprimes, de la bulle internet ou de la crise de la dette en zone euro. Les fondamentaux économiques sont bien orientés et la BCE, malgré une communication qui a évolué depuis quelques mois, conserve toujours une position accommodante. »
Christian Parisot, Aurel BGC
« Les marchés américains ont connu un « Black Monday » ! Oubliés les résultats des entreprises ou la réforme fiscale, les investisseurs ont sur-réagi à une crainte de hausse des taux d’intérêt et ils semblent réévaluer brutalement les risques de marché : le Vix a bondi de 116% à 37,32, un plus haut depuis août 2015. L’ETF le plus populaire pour être short de Vix, le VelocityShare Daily Inverse a perdu 84,4% sur la journée d’hier !
(…) A l’origine de la correction du marché, le marché obligataire a finalement servi de ‘valeur refuge’. Les mouvements sur le taux à 10 ans ont été violents sur la séance. En début de séance, il a atteint un plus haut depuis janvier 2014, à 2,885%, mais la violente chute des indices boursiers l’a fait reculer jusqu’à 2,707% et il a fini la journée à 2,766%. Le dollar en a bénéficié pour s’apprécier face l’euro, qui est ainsi revenu de 1,2459 dollar à 1,2373 dollar. »
Paul Nolte, gérant chez Kingsview Asset Management à Chicago
« Nous avons finalement la correction que nous nous attendions quasiment tous à voir arriver. Cela paraît beaucoup plus douloureux seulement parce que nous n’en avons pas vu depuis 14 ou 15 mois, et c’est certainement sain, de notre point de vue. »
Saxo Banque
« Le repli du Cac 40 pourrait continuer à court terme sous l’effet de la mauvaise orientation des places financières et notamment de l’Asie qui a initié ce vaste mouvement de repli. Toutefois, les fondamentaux du marché parisien sont encore très sains, en particulier si on les compare à ceux du marché américain. En France, le Cac 40 n’est pas du tout survalorisé. Le ratio cours sur bénéfice était à 20,4 en décembre 2017 contre un niveau de 28 au début de l’année 2014.
En outre, dans le détail, seulement un tiers des valeurs évolue à leur plus haut historique, ce qui signifie très concrètement que beaucoup de valeurs, spécifiquement du côté des bancaires, ont encore un réel potentiel d’appréciation. On assiste, simplement, à une respiration du marché bien que les thématiques de la croissance, des taux, de l’inflation ou encore du taux de change puissent constituer de réels problèmes à moyen terme. »
Steven Wieting, chef stratégiste investissement chez Citigroup
« Jusqu’où cela peut-il aller ? C’est à vous de me le dire. Mais la rapidité de la baisse ne peut pas se perpétuer jour après jour sans finir par trouver une sorte de plancher dans un délai assez rapide ».
Phil Orlando, chef stratégiste actions chez Federated Investors à New York
« Le marché a paniqué pour différentes raisons et les brusques retournements auxquels nous avons pu assister au cours de la dernière heure sont une reconnaissance du fait que les choses ont pris des proportions exagérées ».
James Bateman, responsable investissement chez Fidelity International
« Un certain accès de faiblesse a gagné plusieurs secteurs, mais aucun n’est suffisamment prononcé pour causer à lui seul une chute du marché. Je reste investir en actions – mais réorienté (y compris pour les achats en baisse) vers les compartiments ‘value’ du marché qui sont en retard après le récent rally. » Et d’ajouter qu’il éviterait également « les actions dont le dividende ne repose pas sur un free cash-flow élevé et un bilan solide ».