Comment jugez-vous la baisse intervenue sur les marchés depuis vendredi ?
La correction des deux dernières séances ne traduit pas un mouvement de panique. Selon les statistiques publiées par JP Morgan, la baisse intervenue vendredi dernier a déclenché un niveau de volatilité suffisant pour entraîner l’intervention des ventes automatiques. Nous sommes dans ce mouvement « d’automatic selling pressure ». Les ventes portent d’ailleurs principalement sur les ETF, sur les paniers de valeurs et ne se propagent pas aux autres marchés.
Donc pour l’instant, clairement, on ne peut pas parler de mouvement de panique. En outre, si l’on s’en tient à l’indicateur publié par Crédit Suisse, le Global Risk Appetit Index (GRAI) qui comporte notamment deux niveaux, celui d’euphorie et celui de panique, nous avons commencé l’année en zone euphorie. Il s’agit donc d’une pause saine, une correction que l’on attendait.
Peut-on envisager cette année d’aussi belles performances que l’an dernier sur les marchés américains ?
En ce qui concerne l’année, je ne fais pas de prévision de niveau d’arrivée des indices. Mais d’un point de vue « total return », c’est-à-dire en intégrant les dividendes, je pense que l’année devrait encore être une bonne année avec une progression dans la lignée de la hausse des bénéfices à laquelle il faut ajouter le dividende.
D’ailleurs le marché américain affiche aujourd’hui des ratios de valorisation assez accessibles compte tenu des perspectives de croissance des bénéfices des sociétés estimée entre 15 et 20% pour les bénéfices pour cette année.
La faiblesse du dollar représente, en outre, un soutien supplémentaire pour environ un tiers des sociétés qui sont présentes à l’international. Mais le principal élément favorable aux entreprises et donc au marché est toutefois l’environnement global de croissance synchronisée au niveau de l’économie mondiale.
Comment choisissez-vous les valeurs de votre fonds ?
Je préfère du stock picking et je prends en compte beaucoup d’éléments comme la finance comportementale, la qualité de l’entreprise et du management. Il existe beaucoup de biais comportementaux avec notamment des analystes financiers qui ont des mouvements souvent moutonniers. Je mets l’accent sur les valeurs « value » cette année, value au sens valeurs moins chères que le marché et moins chères que leur secteur.
Nous préférons une sélection de type stock picking plutôt que de fonctionner par secteurs même si par exemple, nous apprécions les valeurs financières depuis le succès des stress tests l’an dernier. Celles-ci vont, en effet, profiter à la fois de la hausse des taux, du redressement de l’économie en général et donc de l’amélioration de la qualité des crédits, et enfin d’un assouplissement de la pression réglementaire.
Autant d’éléments qui vont jouer favorablement sur leurs résultats. Nous ne sommes pas présents sur Wells Fargo, la société ayant connu des difficultés propres et nous ne voyons pas de catalyseur pour le titre. Dans l’ensemble, le secteur va bénéficier de la déréglementation et seront également les plus gros bénéficiaires de la réforme fiscale qui devrait représenter une hausse d’environ 15% des bénéfices.