Les mouvements intervenus ces derniers jours sont liés au franchissement de seuils techniques. Quels sont-ils, comment fonctionnent-ils ?
L’environnement économique et de marché dirige la réaction des investisseurs mais effectivement, certains seuils jouent un rôle important en cas de mouvements violents. Ainsi, au cours de sa dernière phase de hausse, entre la mi- et la fin janvier, le Dow Jones a consolidé autour des 26.000 points.
L’indice a tenté de s’arracher plusieurs fois de cette zone, est parvenu à atteindre les 26.600 points, puis est revenu plusieurs fois rebondir sur les 26.000. Au quatrième rebond, l’indice a en fait cassé cette zone, ce qui a entraîné l’accélération du mouvement de baisse, la correction de vendredi et de lundi.
Or, cette zone des 26.000 points était connue et visible de tous les investisseurs et ceux qui s’étaient positionnés à l’achat pour jouer une hausse vers les 27.000 ou au-delà ont certainement également mis des ordres stops sous la zone des 26.000, préférant sortir sans gagner plutôt que de trop perdre. Dès lors, en cassant la zone des 26.000 le mouvement a déclenché tous les ordres stop.
La demande s’est donc retrouvée en position de force face à cet afflux d’offre de vente et les investisseurs se sont dit qu’ils pouvaient acheter plus bas. La baisse a donc accéléré.
On parle d’ordres et de seuils automatiques. Qu’en est-il ?
Aujourd’hui, les hedge funds, les fonds spécialisés dans le trading et beaucoup d’investisseurs ont des systèmes automatisés qui vont détecter, justement, ces seuils, zones de support, résistances et autres, et qui vont réagir de façon automatique au franchissement de l’un ou l’autre accentuant la tendance.
Tout le monde se cale sur ces seuils ce qui crée des mouvements autoréalisateurs en quelques sorte ?
Oui. On parle des zones de support ou de résistance mais dans le cas des ordres automatisés les retracements de Fibonacci sont encore plus parlants. Après une vague complète de hausse, par exemple, il existe statistiquement des seuils de retracement de 23%, 38,2% ou 50% de la vague de hausse. Ce sont les mêmes pour tout le monde et les algorithmes sont calés dessus.
Par exemple, hier, le Dow Jones a corrigé de exactement 23,6% par rapport à la vague de hausse enclenchée après l’élection de Donald Trump. Sur le bitcoin aussi, on peut voir que la cryptomonnaie s’arrête exactement sur des seuils de retracement de Fibonacci. Avec des arrêts à 23,6% ou 38,2% on voit bien que ce sont des seuils techniques. Comme tout le monde connait ces seuils, ce sont des références sur lesquelles tout le monde agit, c’est donc en quelque sorte auto-réalisateur.
Oui mais dans le cas de la correction de vendredi, l’indice de volatilité (le Vix) serait également intervenu ?
Cela rejoint la question de l’œuf et de la poule : est-ce que les mouvements du Vix ont entraîné ceux sur les indices actions ou est-ce l’inverse ? Cela faisait presque un an que l’indice de volatilité était sur des niveaux extrêmement bas, autour de 10, et beaucoup d’investisseurs avaient pris des positions short dessus, c’est-à-dire qu’ils vendaient de la volatilité pariant sur la poursuite de la stabilité.
Cela signifiait pour les investisseurs en actions qu’il n’y avait aucun risque et donc pas besoin de vendre des actions. Or, quand l’indice Vix a commencé à revenir vers le niveau de 13/14, ce qui reste historiquement bas, cela a fait naître un sentiment d’inquiétude chez les détenteurs d’actions et d’indices. Cela a créé de la nervosité et les vendeurs de Vix ont commencé à déboucler leurs positions. Le VIX a à son tour franchi des seuils et entraîné le déclenchement d’ordres automatiques, et une accélération du mouvement.
Et maintenant, où va le Dow Jones ?
Le seuil à surveiller est le seuil des 23.200 points. Ensuite, le prochain seuil significatif à la baisse est autour des 22.100 points, seuil qui représenterait un retracement de 50% de tout le rally post-électoral de l’élection de Trump.