Ce n’est pas très original de l’imaginer : la Réserve fédérale devrait relever le taux directeur d’un quart de point. On ne peut toujours pas parler de resserrement : en termes réels, le taux des fonds fédéraux est toujours négatif !
La taille du bilan se réduit – mais de dix milliards par mois, sur un total de 4.500 milliards. Pour l’instant, aucune réaction des marchés. Il est vrai que tout est largement annoncé, calibré, avec la plus grande prudence : la banque centrale ne veut pas prendre le risque d’un nouvel accès de fièvre comme le « taper tantrum », lorsque, en mai 2013, les marchés avaient dévissé à l’énoncé par M. Bernanke, à l’époque président de la Réserve fédérale, de ce qui était pourtant une évidence, à savoir que les achats de titres allaient, un jour, ralentir.
Focus sur les projections du FOMC et les « dots »
Plus que la décision elle-même, ce sont les projections du FOMC sur l’économie et le taux des fonds fédéraux (les fameux « dots ») qui seront intéressantes, ainsi que la conférence de presse qui suivra la réunion, la dernière de Mme Yellen dans ce cadre. En principe, on devrait toujours anticiper trois hausses de taux l’an prochain – c’est plutôt un minimum, compte tenu de la bonne tenue de la croissance et des enquêtes, et du fait que les baisses d’impôts qui devraient finir par être adoptées par le Congrès vont plutôt accélérer l’activité. En principe, car il y a une incertitude : qui est la Réserve fédérale ?
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, mais que dire quand ce sont quatre, voire cinq êtres qui manquent ? Avec le départ prochain de Mme Yellen, il reste quatre membres du directoire de la Réserve fédérale à nommer (c’est le président des Etats-Unis qui les nomme, mais il faut une confirmation par le Sénat, procédure qui est loin de n’être que formelle). De plus, le président de la Réserve fédérale de New York, membre permanent et vice-président du FOMC, est lui aussi démissionnaire. Qui formera le FOMC l’an prochain ? Des faucons ? Des colombes ? Des partisans de l’application mécanique d’une règle ? Impossible de le deviner.
En tout cas, l’inflation semble se normaliser. Si le déflateur de la consommation privée (l’indicateur de référence de la banque centrale) n’augmente toujours pas de 2%, un certain nombre de mesures montre une accélération. Signalons notamment le dernier indicateur à la mode, l’underlying inflation gauge (mesure d’inflation sous-jacente) calculé par la Réserve fédérale de New York. A la différence de la plupart des indicateurs, il ne procède pas par exclusion de telle ou telle catégorie de biens ou de services (l’énergie, l’alimentation, les articles au prix volatil, etc.). Il s’attache plutôt, à partir de quelque trois cents indices, de prix mais aussi de l’économie dite réelle ou des marchés financiers, à repérer un facteur commun corrélé à l’inflation. Selon cet indice, on aurait aujourd’hui une inflation de 2,96%. Mais plus que le chiffre lui-même, c’est l’accélération continue depuis plusieurs trimestres qui est frappante (0,9 point en un an).