Vivement le 19 juin. Tout d’abord parce que l’été et les vacances pointeront le bout de leur nez. Ensuite, et surtout, parce que, sauf événement extraordinaire, on en aura fini avec l’interminable séquence électorale. Le second tour des législatives se sera déroulé la veille et les Français ne seront plus appelés aux urnes avant les Européennes de 2019. Deux ans tranquilles…
Avec la mise en place des primaires, à droite comme à gauche, la campagne électorale s’étire désormais sur près d’un an. Souvenez-vous, cela paraît bien loin aujourd’hui, mais les candidats à la primaire de la droite battaient déjà la campagne l’été dernier.
Dans ce domaine comme dans d’autres, nous avons décidé de copier, pour le meilleur, peut-être, et pour le pire, plus probablement, le modèle américain. A ceci près que les deux candidats qui arrivent aujourd’hui en tête des sondages ne sont pas passés par la case primaire. Comme si François Fillon et Benoît Hamon, les deux vainqueurs de ces préélections, arrivaient déjà affaiblis au moment du sprint final, les primaires apparaissant comme un processus efficace lorsqu’il n’y a que deux grands candidats en lice pour l’élection proprement dite, mais comme un piège dans un système éclaté tel que celui que l’on connaît en France aujourd’hui.
La ressemblance avec le schéma américain se retrouve aussi dans une surmédiatisation au profit de la forme et aux dépens du fond. Que retient-on des débats télévisés ? Les petites phrases, les escarmouches et sûrement pas le détail des projets. La campagne est plus longue, les prises de parole des uns et des autres plus nombreuses, mais la confrontation des idées n’en est pas plus riche. Au contraire. En la matière, la presse écrite, parce que son format s’y prête plus, tire mieux son épingle du jeu. C’est ce que nous essayons de faire à Investir, en nous concentrant sur les sujets économiques et fiscaux, en interrogeant les principaux candidats et en décortiquant leurs propositions. Nous avons interviewé Marine Le Pen et François Fillon, nous ferons de même dans les prochaines semaines avec Benoît Hamon et Emmanuel Macron.
Dernière similitude avec ce qui se passe outre-Atlantique, la place prise par les « affaires » : déclarations d’impôts, propos sexistes de Donald Trump ou e-mails d’Hillary Clinton outre-Atlantique, Penelopegate, soupçons d’emplois fictifs de Marine Le Pen ou interrogations sur le patrimoine d’Emmanuel Macron dans l’Hexagone.
Cette élection, que l’on définissait, à juste titre, comme cruciale dans un environnement économique et social dégradé, risque bien de passer à côté des sujets essentiels. Soyons optimistes : il reste quatre semaines pour corriger le tir.