Alors que le pays est l’un des plus riches au monde en ressources minières, les Mongols, échaudés par le comportement de Rio Tinto qui exploite le cuivre, regardent d’un très mauvais œil l’implantation de sites d’industriels, ou plutôt le surplus de pollution qu’ils pourraient générer.
Les populations locales et les éleveurs qui occupent le territoire tentent notamment obtenir des garanties sur la protection de l’élevage. Ils demandent notamment des vaches, des aides financières pour gérer les élevages et la création de points d’eau. Des conditions chiffrées à près de 5 millions d’euros.
Mais c’est sans compter sur la collusion du gouvernement et, comme le déclare Olivier Laban-Mattei, dans son exposition photo présentée à Visa pour l’Image, «le plus grand déni des autorités qui s’acharnent à donner une image lissée et paradisiaque de leur pays pour attirer toujours plus d’investisseurs étrangers ».
Via son travail de photo-journaliste, il a constaté sur place que « l’exploitation intensive des grandes richesses du sous-sol contribue fortement à l’augmentation exponentielle des inégalités sociales et entraîne de graves conséquences environnementales et sanitaires dont les premières victimes sont les Mongols eux-mêmes. » Ajoutant : « les maladies liées à la pollution de l’air, de l’eau et des sols ainsi qu’à l’insalubrité prolifèrent à un rythme effrayant. »
Si la France a mis le paquet au niveau diplomatique pour que la Mongolie – et ses riches sous-sols – lui déroule le tapis rouge, le géant français du nucléaire, Areva, dont l’Etat français est actionnaire à 85 %, comptait bien jusq’à présent surfer sur la vague, et ce d’autant plus, que le pays lui offre une alternative à sa production d’uranium au Niger, pays où son action est pour le moins controversée.
Présent depuis 1997 dans le pays, Areva a conduit des travaux d’exploration aboutissant à la découverte de deux gisements d’uranium dans la province de Dornogobi, Dulaan Uul et Zoovch Ovoo dont les ressources sont estimées à 60000 tonnes. Ressources que le géant du nucléaire souhaiterait exploiter désormais
A cette occasion, Luc Oursel, PDG d’Areva, a déclaré: « Cette coopération, qui associe également notre partenaire Mitsubishi Corporation, est stratégique à double titre. Elle va permettre de développer le secteur de l’uranium en Mongolie et de poursuivre la diversification géographique des activités minières du groupe».
La veille, des groupes antinucléaires mongols avaient critiqué la perspective de cet accord, estimant que l’exploitation des réserves d’uranium du pays pourrait représenter un danger de contamination du sous-sol et des ressources en eau.
« Nous ne sommes pas contre la coopération avec la France. (…) Nous disons simplement ‘non’ au développement des gisements d’uranium en Mongolie, puisque c’est le meilleur moyen d’éviter toute pollution et contamination radioactives », avait ainsi indiqué Selenge Lkhagvajav, une activiste à la tête d’un mouvement antinucléaire.
Les organisations environnementales mongoles s’étaient déjà inquiétées de l’impact pour les populations et élevages environnants de deux projets pilotes d’exploration, entamés par Areva dans le pays il y a près de trois ans. Impact que Olivier Laban-Mattei a pu photographier.
Areva compte 27 licences d’exploration en Mongolie mais s’intéresse tout particulièrement à l’un des deux gisements les plus prometteurs, dans la province de Gobi, où le minerai d’uranium pourrait être dissout et récupéré par pompage. Procédé qui permettrait au site d’obtenir des coûts de production imbattables.
Cerise sur le gâteau – jaune – les quantités récupérables dans ce gisement sont comparables à celles qu’Areva a déjà extraites au Niger au cours des 40 dernières années …
Obtenir l’exploitation du site mongole permettrait donc à Areva de moins dépendre du Niger, qui représente encore un tiers de l’uranium qu’il produit.
Sources : le Monde, RFI, Areva, Olivier Laban-Mattei
Elisabeth Studer – 08 septembre 2014 – www.leblogfinance.com
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