Augmentation significative des défaillances d’entreprises en France

Les récentes données du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ) révèlent que 15.980 entreprises ont fait faillite au deuxième trimestre de cette année. Malgré un léger ralentissement, le nombre de défaillances reste supérieur aux niveaux d’avant la pandémie.

Entre janvier et juin 2024, le nombre total de faillites a augmenté de 18 % par rapport à la même période en 2023, atteignant environ 33.500. Ce chiffre dépasse de 20 % la moyenne de 28.000 observée en 2018 et 2019, avant l’émergence de la COVID-19. Cette tendance inquiétante se reflète également dans d’autres pays de la zone euro. En conséquence, environ 102.500 emplois sont actuellement en péril en France.

Les secteurs les plus touchés

Les secteurs du commerce et de la construction ont été particulièrement touchés au premier semestre. Cependant, les activités immobilières enregistrent la plus forte hausse, avec une augmentation de 54 % des défaillances. Le marché du logement ancien étant en pleine crise, 617 agences immobilières ont fait faillite au premier semestre. Le secteur du transport et de l’entreposage ainsi que les activités financières et d’assurance ont également été durement touchés, avec des hausses respectives de 33 % et 25 % des défaillances.

Fin des aides d’urgence et conséquences

L’arrêt des aides d’urgence massives mises en place par le gouvernement pour soutenir les entreprises pendant la pandémie a contribué à cette situation. Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas, souligne que cette hausse des défaillances s’inscrit dans un processus de rattrapage après la période de soutien exceptionnel. Cependant, l’institut Rexecode, proche du patronat, met en avant les faiblesses structurelles du tissu productif français. Dans un rapport récent, Rexecode avertit que la hausse des défaillances dépasse un simple rattrapage post-COVID, touchant des niveaux historiquement élevés.

Problèmes de financement et surendettement

La croissance économique ralentie, la consommation morose, l’investissement stagnant, la hausse des coûts de production et le durcissement des conditions de financement sont autant de facteurs qui pèsent sur les entreprises françaises. Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, souligne que les entreprises les plus endettées sont les plus vulnérables. Avec des taux d’intérêt français potentiellement plus élevés, cette fragilité pourrait s’aggraver, entraînant davantage de faillites.

L’impact des prêts garantis par l’état

Patrick Senicourt, président de Nota-PME, note que de nombreuses entreprises en difficulté ont été affectées par le remboursement rapide des prêts garantis par l’État (PGE) octroyés pendant la pandémie, il avertit que si aucune mesure n’est prise, le nombre de faillites pourrait atteindre 70.000 d’ici fin 2024. Pour éviter cette catastrophe, Senicourt propose de rééchelonner les remboursements des PGE sans pénaliser les entreprises sur leur notation, les rendant ainsi compatibles avec leur rentabilité.

Pour atténuer cette crise, il est impératif que les décideurs politiques et les institutions financières collaborent pour trouver des solutions viables. Le rééchelonnement des dettes, l’assouplissement des conditions de financement et le soutien aux secteurs les plus touchés doivent être prioritaires. La résilience de l’économie française dépendra de la capacité à adapter les politiques économiques aux réalités actuelles et à soutenir les entreprises dans cette période de turbulence.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrez votre commentaire
Veuillez entrer votre nom