Le constat est sans appel ; tant du côté des émetteurs que des investisseurs, qui étaient réunis lors de la conférence de presse organisée le 6 juillet par les membres de MiFIDVision
(SFAF, Af2i, Amafi, AFG, Cliff, Paris-Europlace, Euronext) : la qualité de la recherche est moindre depuis l’application de la directive européenne MiFID 2 (Markets in Financial Instruments Derivatives) en janvier 2018. Quelque 56% des émetteurs interrogés le reconnaissent. Les Small & Mid Cap, ces petites et moyennes capitalisations, sont celles qui le ressentent le plus. Même son de cloche chez les investisseurs. « Attention à ne pas négliger les PME et ETI au détriment des chiffres des grandes entreprises qui grossissent », a averti le président de l’Association française de la gestion financière (AFG), Eric Pinon. Le recul de la séniorité des analystes financiers a également été pointée du doigt, tout comme les attentes grandissantes autour des sujets ESG.
Deuxième enseignement à tirer depuis MiFID 2 : la couverture des sociétés se réduit. Cette année, plus de 30% des sociétés cotées ne sont pas suivies. Cinquante-neuf sociétés étaient suivies par au moins dix analystes en 2018, tout juste treize trois ans plus tard. Ce repli explique sans doute la dégradation de la qualité. Quant à la recherche sponsorisée, c’est-à-dire financée par l’émetteur, elle se recentre sur les sociétés à forte capitalisation.
Les « tech » ne sont pas suffisamment couvertes
Des insuffisances dans la « tech » ont été relevées par le président de CDC Croissance, Christophe Bourdillon : « Un analyste généraliste ne suffit pas ». « Un bon suivi des sociétés favorise la liquidité, c’est ce que recherchent les entreprises en s’introduisant en Bourse », avait rappelé Delphine d’Amarzit, PDG d’Euronext Paris, au début de la réunion. Des propositions ont donc été faites par les acteurs de MiFIDVision « pour maintenir l’analyse comme atout de la Place financière de Paris », précise le communiqué commun. Elles concernent notamment la poursuite de « travaux relatifs à une charte de bonnes pratiques de la recherche sponsorisée » et la réaffirmation de l’expertise « unique en matière d’analyse extra-financière de la Place de Paris ».
La directive européenne MiFID 2 vise, à l’origine, à protéger les investisseurs en leur proposant des produits financiers adéquats à leur profil. Les établissements financiers ont donc été soumis à des règles plus strictes. Une chose est sûre : son objectif secondaire de diminution du coût de l’analyse financière est on ne peut mieux rempli.