Entre empathie avec les sociétés autoroutières ou défense du pouvoir d’achat des Français, Elisabeth Borne aura choisi. En ces temps tumultueux où la révolte des Gilets Jaunes gronde partout en France, la ministre des Transports a exhorté ces sociétés à mener une politique tarifaire en faveur des automobilistes.
Alors que les péages de la plupart des autoroutes françaises doivent augmenter au 1er février prochain, la ministre demande désormais aux sociétés autoroutières de faire un geste pour le pouvoir d’achat des Français. Le gouvernement et Emmanuel Macron redoutant très certainement qu’une hausse des tarifs ne provoque une nouvelle vague de colère des Gilets Jaunes.
Elisabeth Borne exhorte les sociétés à répondre à l’attente sur le pouvoir d’achat
Lors d’une réunion destinée à faire le point après sept semaines d’agitation des Gilets jaunes, Elisabeth Borne a “appelé les sociétés concessionnaires à entendre l’attente forte qui s’exprime en faveur du pouvoir d’achat, et à faire des propositions à la hauteur dans le cadre de leurs politiques tarifaire et commerciale”.
Les services du ministère ont indiqué dans un communiqué que de premières pistes avaient été abordées. Précisant que « la situation des usagers réguliers effectuant des trajets domicile-travail » allaient « faire l’objet d’un examen approfondi”.
La discussion en cours, qui doit se poursuivre “dans les prochaines semaines”, “se mène en tenant compte des contrats liant l’Etat aux sociétés concessionnaires, particulièrement clairs et contraignants en matière d’évolution des tarifs”, a tenu à fermement précisé le ministère des Transports.
Reste que cette hausse contractuelle des tarifs de péages au 1er février alimente une nouvelle fois les critiques contre les conditions de la privatisation du réseau, réalisé en 2006.
Pas de baisse court terme récupérée à long terme
“Toute initiative de court terme qui s’avérerait défavorable aux usagers sur le long terme ne peut pas constituer une solution crédible” a tenu d’ores et déjà à avertir le ministère. Faisant ainsi référence au gel des tarifs des péages décrété par Ségolène Royal en 2015 …. lequel a été compensé par des hausses plus importantes les années suivantes.
Ainsi, si un gel des tarifs a bien été décidé en 2015 … la hausse sera simplement reportée aux années 2019 à 2023.
La présentation des nouveaux tarifs, qui devait être faite devant le Comité des usagers le 26 novembre dernier, a été repoussée une première fois au 11 décembre puis désormais à 2019.
En novembre dernier, des sources proches du dossier laissaient entendre que l’application normale de la formule s’appliquant en la matière pourrait déboucher sur une augmentation moyenne d’environ 1,8% – avec des variations locales – contre +1,55% en 2018.
Gel des péages contre prolongement des concessions ?
Selon un responsable du secteur, les sociétés autoroutières plaideraient plutôt pour qu’un allongement de leurs concessions leur soit accordé en contrepartie d’un gel des tarifs de péage. La mise en place de gestes commerciaux ciblés n’aurait pas leurs faveurs.
Reste que la hausse du prix des péages est intimement lié à l’acceptation de l’État accepte de compenser de nouveaux investissements sur le réseau … en faisant payer les usagers. En effet, lorsque les sociétés d’autoroute financent une troisième voie sur une autoroute ou un nouvel échangeur, elles concluent un contrat de plan avec l’État pour une durée de 5 ans. Ce contrat prévoit des hausses de tarifs supérieures à 70% du taux de l’inflation.
A noter par ailleurs qu’un plan de relance a été signé le 9 avril 2015. En échange de 3,2 milliards d’investissements financés par les sociétés d’autoroute, la durée des concessions est alors prolongée de 2 ans et demi en moyenne.
Impact du mouvement sur les sociétés autoroutières
La réunion de vendredi était également destinée à faire “un nouveau point de situation” avec les sociétés autoroutières, qui, reconnaît le ministère « ont été durement affectées » par les manifestations des Gilets jaunes. Lesquelles ont estimé que leurs pertes dues aux opérations de péage gratuit menées par le mouvement étaient telles qu’elles ont durant quelques heures prévu de faire la chasse aux fraudeurs bien involontaires.
La question des dégradations abordée
Le ministère a par ailleurs souhaité aborder le sujet des dégradations perpétrés sur plusieurs barrières de péage. Certaines ayant notamment été pillées ou incendiées.
En décembre dernier, Elisabeth Borne avait estimé que les assurances devraient pouvoir rembourser ces dégâts.
“Aucune cause ou revendication ne peuvent justifier de s’en prendre à des personnes ou des biens. Les forces de l’ordre demeurent pleinement mobilisées et le gouvernement continuera d’être d’une fermeté totale à l’égard de ceux qui commettent de tels actes”, a déclaré vendredi à ce sujet Elisabeth Borne.
Sources : AFP, Ministère des Transports, France Inter
Elisabeth Studer, le 6 janvier 2019 – www.leblogfinance.com