Bousculés par Macron, patronat et syndicats tentent un front uni

Les chefs des huit principales organisations patronales et syndicales sont réunis mercredi matin autour de la table pour tenter de trouver des priorités communes et montrer un front uni au chef de l’Etat, qui doit les recevoir le 17 juillet à l’Elysée.

De mémoire de syndicalistes et d’entrepreneurs, c’est la première fois que les leaders syndicaux et patronaux des organisations représentatives arrivent à prendre langue tous ensemble.

“C’est que l’heure est grave”, analyse l’historien Stéphane Sirot, qui y voit “la conséquence de la pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron, où le dialogique social n’existe pas”, contrairement au quinquennat précédent.

Sous François Hollande, les partenaires sociaux “étaient colégislateurs” et disposaient d’une autonomie, avec la possibilité de négocier des accords interprofessionnels traduits ensuite dans des lois, “Macron a rompu avec ça”, poursuit l’historien.

“La méthode Macron a été un des éléments déclencheurs de cette réunion”, reconnait Philippe Louis, le président de la CFTC.

A ses côtés sont réunis Geoffroy Roux de Bézieux (Medef), Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT), François Asselin (CPME), Pascal Pavageau (Force ouvrière), François Hommeril (CFE-CGC) et Alain Griset (U2P). La réunion à huis clos s’est ouverte vers 08H00 au Conseil économique, social et environnemental (Cese), à Paris.

Chacun vient avec ses propres doléances et l’espoir de trouver des points de convergence avec les autres, un objectif ambitieux, tant les organisations sont divisées traditionnellement.

“La réunion est inédite avec beaucoup d’espoir”, a commenté à son arrivée François Hommeril, en souhaitant “qu’il en sorte quelque chose de concret”.

“Nous allons nous éprouver collectivement pour voir si nous sommes capables d’avancer vers un agenda partagé pour construire du progrès”, a déclaré sur Radio Classique Laurent Berger pour qui “le format est original, mais l’intérêt, c’est le contenu”.

Côté syndicats, FO et la CFDT veulent défendre la fixation d’un agenda social commun, indépendant de celui voulu par le gouvernement. Parmi les sujets à aborder, selon Laurent Berger, la qualité de vie au travail, les conditions de travail dans les plateformes.

– Rendez-vous le 17 juillet à l’Elysée –

Philippe Louis lui souhaite des réunions au sommet plus systématiques “pour faire le point” sur les dossiers.

Côté patronat, Geoffroy Roux de Bézieux va “essayer de partager certaines préoccupations communes”, notamment autour de la création de l’emploi, des richesses et de la croissance française.

Prudent, le nouveau patron du Medef voit ce rendez-vous plutôt comme une “prise de contact” et ne prévoit pas d’en sortir avec “un calendrier commun”. Il n’épargne pas le gouvernement pour autant, critiquant la multiplication des réformes.

Alain Griset, président de l’U2P (artisanat et professions libérales), veut faire le point “sur les méthodes utilisées, les résultats obtenus”.

La CPME, une des initiatrices de ce projet avec FO, reste discrète sur ses attentes.

Toutefois, une source interne avait expliqué vendredi que cette réunion avait été décidée parce que les participants faisaient le “constat que les corps intermédiaires sont considérés comme une sorte de faire-valoir” par le gouvernement et non “comme des partenaires incontournables”.

Hasard de calendrier ou pas, le jour de son annonce, l’Elysée a dévoilé qu’Emmanuel Macron recevra les partenaires sociaux le 17 juillet.

Cette rencontre, réclamée par la CFDT et FO, sera l’occasion de “jeter les bases d’un nouveau contrat social, celui du siècle qui s’ouvre”, a expliqué lundi devant le Congrès le chef de l’Etat.

Y seront abordés la santé au travail, la future réforme des retraites, le plan pauvreté qui doit être annoncé en septembre, mais aussi l’assurance chômage.

Sur ce dernier point, le gouvernement a pris de court les partenaires sociaux, en annonçant qu’il allait leur demander de rouvrir des négociations dès septembre, alors qu’une réforme est en cours d’examen au Parlement. Mercredi matin, Laurent Berger a prévenu: “Si c’est pour aller rogner les droits avec une lettre de cadrage du gouvernement qui est déjà la conclusion de la négociation, cela ne marchera pas”.

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