Canada : le bilan controversé de Justin Trudeau

Au cours des dix dernières années, les politiques budgétaires et économiques adoptées par le gouvernement canadien ont eu un impact durable sur la capacité du pays à maintenir une croissance économique robuste. L’administration Trudeau, avec ses ministres successifs des finances et de l’industrie, a pris des décisions qui ont profondément marqué ce que certains analystes qualifient de « décennie perdue ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une dette nationale dépassant le trillion de dollars canadien, des déficits annuels atteignant des niveaux historiques, et une stagnation économique qui contraste avec les performances d’autres nations développées.

Les budgets présentés au fil des ans ont systématiquement affiché des déficits, accumulant des charges d’intérêt qui pèsent désormais plus lourdement sur les finances publiques que les dépenses consacrées aux soins de santé ou à la défense. Depuis 2015, la dette publique a plus que doublé, un fardeau qui se traduit par des coûts hebdomadaires dépassant le milliard de dollars rien qu’en intérêts. Cette situation limite les marges de manœuvre pour financer des programmes sociaux ou investir dans des infrastructures cruciales pour l’économie.

La taille de l’appareil bureaucratique fédéral a également augmenté de manière significative, avec une hausse de 40 % du nombre de fonctionnaires. Ces employés bénéficient souvent de salaires supérieurs à ceux de la moyenne des travailleurs canadiens, ainsi que d’avantages tels que des pensions indexées et la possibilité de travailler à distance. Selon les estimations, il faut près de trois contribuables moyens pour financer chaque poste au sein de cette administration gonflée.

En parallèle, les dépenses liées à la sous-traitance externe ont explosé. Près de 18 milliards de dollars (environ 12 milliards d’euros) ont été alloués à des consultants, malgré des promesses initiales de réduire ces pratiques. De nombreux projets ont été entachés de scandales, comme l’application ArriveCan, critiquée pour son inefficacité et ses coûts excessifs. Des rapports officiels ont également souligné des contrats lucratifs accordés à des firmes comme McKinsey et Deloitte sans démonstration claire de leur valeur ajoutée.

L’impact économique de la gestion libérale

Ces choix budgétaires ont eu un impact direct sur la compétitivité économique du Canada. Depuis 2016, le produit intérieur brut (PIB) par habitant est resté stagnant, tandis que d’autres pays, notamment les États-Unis, ont vu leur richesse individuelle augmenter de manière significative. Le taux de productivité du Canada est désormais le plus bas du G7, et des projections pessimistes indiquent que le pays pourrait connaître une croissance des standards de vie inférieure à celle de ses pairs avancés jusqu’en 2060.

L’immigration constitue un autre pilier des politiques adoptées durant cette période. Sous l’égide de Justin Trudeau, le Canada a accueilli des vagues migratoires sans précédent, modifiant profondément la composition démographique de la nation. En 2024, le pays a franchi un nouveau record en acceptant près de 483 390 résidents permanents, soit environ 1,16 % de sa population totale. Cette stratégie s’inscrit dans une vision à long terme visant à porter la population à 100 millions d’habitants d’ici 2100.

Cette approche repose en partie sur des recommandations formulées dès 2016 par le Conseil consultatif pour la croissance économique, présidé à l’époque par Dominic Barton. Elle a été renforcée par l’adhésion du Canada au Pacte mondial des Nations Unies pour les migrations, qui encourage une gestion « sûre, ordonnée et régulière » des flux migratoires. Aujourd’hui, près de 98 % des immigrants proviennent de régions comme l’Inde, la Chine, le Pakistan, ou encore divers pays africains, marquant un changement radical par rapport aux décennies précédentes où l’Europe et le Royaume-Uni étaient les principales sources de nouveaux arrivants.

Cette transformation rapide n’est pas sans conséquences. Les infrastructures sociales et économiques peinent à absorber cette augmentation démographique. Les tensions sur le marché du logement, les pénuries de médecins de famille et les pressions sur les services publics alimentent un mécontentement croissant parmi les citoyens. Plusieurs provinces, notamment le Québec et la Colombie-Britannique, font face à des crises immobilières exacerbées par l’afflux de nouveaux résidents.

Le marché immobilier : une crise en expansion

L’un des domaines les plus touchés par les politiques libérales est le marché immobilier. Sous Trudeau, le prix moyen des maisons a grimpé de manière spectaculaire, passant de 454 184 dollars (290 882 euros) en 2015 à 694 411 dollars (444 736 euros) en 2025, selon des données récentes. Ce boom immobilier, bien qu’il reflète une demande accrue due à l’immigration massive, a également été amplifié par des taux d’intérêt relativement bas maintenus pendant plusieurs années.

Cependant, cette hausse des prix a rendu l’accession à la propriété de plus en plus inaccessible pour les Canadiens moyens. Dans certaines grandes villes comme Toronto et Vancouver, le prix médian des maisons dépasse désormais largement le million de dollars (640 450 euros), forçant de nombreux citoyens à chercher des solutions de rechange dans des banlieues éloignées ou à abandonner complètement l’idée d’acheter un bien immobilier.

Les loyers, eux aussi, ont connu une flambée sans précédent. Entre 2015 et 2025, le coût moyen des loyers mensuels est passé de 907 à 2 139 dollars (580 à 1369 euros), exacerbant la crise du logement abordable. Les experts attribuent cette situation non seulement à l’augmentation de la population, mais aussi à des politiques insuffisantes en matière de construction de logements sociaux et d’infrastructure.

En outre, les préoccupations concernant la spéculation immobilière ont grandi. Des rapports indiquent que des investisseurs étrangers, souvent originaires de Chine et d’autres marchés asiatiques, ont acheté des propriétés canadiennes à des fins spéculatives, contribuant à faire grimper les prix artificiellement. Bien que des mesures aient été prises pour limiter les achats de biens immobiliers par des non-résidents, leur efficacité reste discutable.

Les liens controversés avec la Chine

Sur le plan international, les relations entre le Canada et certains acteurs mondiaux, notamment la Chine, ont soulevé des questions quant à la souveraineté nationale. Les liens étroits entretenus par le Parti libéral avec le Parti communiste chinois (PCC) ont été régulièrement pointés du doigt. Des accusations de dons illégaux, des stations de police chinoises opérant sur le sol canadien, et des investissements massifs dans des infrastructures stratégiques ont alimenté des inquiétudes quant à une ingérence étrangère potentielle.

L’affaire des laboratoires de Winnipeg et de Wuhan illustre ces préoccupations. Bien que les détails exacts restent flous, il est établi que des collaborations scientifiques ont eu lieu entre ces deux institutions, suscitant des interrogations sur la nature des recherches menées conjointement. Par ailleurs, les critiques soulignent que le Canada a tardé à condamner les violations des droits humains commises par Pékin au Xinjiang, à Hong Kong ou au Tibet, adoptant une position jugée trop accommodante par ses alliés traditionnels.

Les politiques énergétiques controversées

Dans le secteur énergétique, les politiques climatiques ont pris le dessus sur les impératifs économiques. Le gouvernement Trudeau a activement freiné le développement des industries pétrolières et gazières, abandonnant des projets d’infrastructures majeurs tels que Northern Gateway et Energy East. La législation introduite via les projets de loi C-48 et C-69 a imposé des restrictions drastiques sur les exportations d’hydrocarbures, tout en maintenant des normes moins strictes pour les importations provenant de pays comme l’Arabie Saoudite ou le Venezuela.

Cette approche a coûté cher au Canada. Selon des estimations sectorielles, près de 670 milliards de dollars (429 milliards d’euros) d’investissements ont été perdus dans des initiatives énergétiques abandonnées. Des projets de gaz naturel liquéfié (GNL), susceptibles d’attirer des partenaires internationaux, ont été rejetés, privant le pays de revenus substantiels. En 2024, le premier ministre affirmait qu’il n’y avait « aucun cas d’affaires » pour développer les marchés d’exportation de GNL, une décision qui a conduit à tourner le dos à six pays intéressés, représentant un manque à gagner total de 224 milliards de dollars (143 milliards d’euros).

Malgré ces choix contestés, le secteur pétrolier reste un pilier essentiel de l’économie canadienne, contribuant à hauteur de 7,5 % du PIB national et soutenant près d’un million d’emplois. Toutefois, les restrictions imposées ont dissuadé les investisseurs étrangers et refroidi l’enthousiasme des entreprises locales. Dans l’Ouest canadien, cette situation a exacerbé les tensions, certaines voix appelant désormais à une séparation ou à une intégration aux États-Unis.

La liquidation des réserves d’or

Une décision particulièrement controversée prise sous le gouvernement Trudeau concerne la vente des réserves d’or du Canada. Bien que cette mesure ait été initiée avant son mandat, elle a culminé pendant sa gouvernance, avec la liquidation quasi totale des stocks d’or du pays. Cette démarche visait à diversifier les actifs financiers du Canada, mais elle est aujourd’hui perçue comme une erreur stratégique majeure. Depuis juillet 2024, le prix de l’once d’or a atteint des sommets historiques, dépassant les 2 431 dollars (environ 1 556 euros), propulsé par des facteurs tels que les taux d’intérêt bas, l’expansion de la dette publique mondiale et la dé-dollarisation croissante.

En vendant ses réserves avant cette flambée, le Canada a manqué une opportunité significative de renforcer sa position financière et de soutenir son économie face aux défis actuels. Cette décision soulève des questions sur la capacité du gouvernement à anticiper et à tirer parti des tendances économiques mondiales.

La crise du fentanyl et le blanchiment d’argent 

La crise du fentanyl illustre les failles du système canadien en matière de sécurité et de lutte contre le crime organisé. Le modèle dit de « Vancouver », utilisé pour transférer des profits issus du trafic de drogues synthétiques, a permis à des cartels de réinjecter leurs fonds dans la chaîne d’approvisionnement du fentanyl. Selon une étude récente de FINTRAC, la production domestique de fentanyl a augmenté, principalement en Colombie-Britannique, et sa distribution s’est étendue à l’international, touchant des pays comme les États-Unis, l’Australie et l’Italie.

Les préoccupations concernant le blanchiment d’argent ont également été amplifiées par la négligence du gouvernement Trudeau face aux importations de précurseurs chimiques en provenance de Chine. Ces substances, utilisées dans la fabrication du fentanyl, ont alimenté une surproduction qui a aggravé la crise des opioïdes. En réponse, Ottawa a conclu un partenariat avec Washington pour renforcer la coordination en matière de renseignement financier, ciblant les opérations de blanchiment qui soutiennent les réseaux criminels transnationaux.

La décennie écoulée reflète une tentative de remodelage du Canada selon une vision post-nationale, marquée par des politiques d’immigration agressives, des alliances économiques controversées et une négligence des intérêts nationaux. Ce chapitre de l’histoire canadienne laisse derrière lui un pays fragilisé, confronté à des défis structurels majeurs. Reste à voir si les prochaines élections permettront de corriger le cap et de redonner au Canada sa stabilité économique et sa cohésion sociale.

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