L’ancien PDG de Renault et Nissan, Carlos Ghosn, continue de faire parler de lui malgré son exil au Liban. Ses récentes déclarations sur les discussions de fusion entre Nissan et Honda ont suscité une attention particulière dans le secteur automobile. Accusé de malversations financières en 2018, Ghosn a toujours nié les charges, affirmant être victime d’un complot interne visant à empêcher une intégration plus étroite entre Renault et Nissan. Depuis sa fuite spectaculaire du Japon en décembre 2019, il a régulièrement critiqué ses anciens collaborateurs et la gestion actuelle de Nissan.
Lors d’une interview avec Manus Cranny de Bloomberg, Ghosn a qualifié les pourparlers de fusion entre Nissan et Honda de “mesure désespérée” révélant “l’état de panique” de Nissan. Selon lui, cette tentative de rapprochement témoigne de la situation difficile dans laquelle se trouve Nissan, qui peine à se redresser depuis son arrestation. Il a exprimé des doutes quant à la compatibilité des deux entreprises, soulignant qu’elles partagent des marchés et des segments de produits similaires, ce qui limiterait les synergies potentielles.
Ghosn a également suggéré que le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie pourrait être à l’origine de cette initiative, cherchant à renforcer l’économie nationale en poussant Honda à accepter l’accord. Cette intervention gouvernementale, selon lui, met en lumière le manque de logique industrielle derrière cette fusion. Les différences culturelles et technologiques entre les deux constructeurs pourraient engendrer des conflits majeurs, rendant l’intégration difficile et potentiellement contre-productive.
Il a ajouté que cette fusion pourrait être perçue comme une prise de contrôle déguisée de Nissan par Honda. Dans ce scénario, Honda chercherait à sauver Nissan d’une faillite qui serait embarrassante pour l’industrie automobile japonaise, tout en évitant une crise publique majeure. Ghosn a fait remarquer que ce type de fusion forcée risquerait d’entraîner des complications à long terme, plutôt que de résoudre les problèmes actuels de Nissan.
Les propos de Ghosn, bien que polémiques, reflètent une analyse critique de la situation actuelle de Nissan. L’entreprise, autrefois florissante sous sa direction, traverse une période de turbulence avec des ventes en baisse et des restructurations internes. La perspective d’une fusion avec Honda, l’un de ses principaux concurrents, est perçue par beaucoup comme un signe de faiblesse plutôt que de renouveau.