Chantier du RER E: le coup de sang de Pécresse sur le projet Eole

“La SNCF Réseau nous a menés en bateau” s’insurge dans les colonnes du journal Le Parisien, ce vendredi 8 octobre, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse. En cause, le nouveau dérapage budgétaire du projet Eole, qui prévoit de prolonger le RER E de Saint-Lazare à Mantes-la-Jolie d’ici à 2025. Coût initial du projet: 3,7 milliards d’euros. Or, SNCF Réseau, en charge des travaux, vient d’annoncer une hausse inattendue de plus d’un milliard d’euros, qui s’ajoute à la rallonge de 640 millions d’euros déjà actée en début d’année. Soit un surcoût global de 1,7 milliard qui fait grimper l’addition totale à 5,4 milliards d’euros.

Une annonce qui “pourrait mettre en retard” le projet Eole selon Le Parisien alors que l’ouverture “d’une première proportion depuis le terminus actuel de la gare Saint-Lazare à Nanterre devait voir le jour vers mi-2023, puis vers Mantes-la-Jolie en 2025” indique le quotidien. Pour rappel, le projet Eole doit “soulager un réseau qui est surchargé”. Un réseau qui concentre “deux millions d’emplois et qui veut améliorer le quotidien de plus de 650.000 voyageurs” indique le site de la SNCF. Pour justifier ce surcoût pharaonique, SNCF Réseau met en avant la gestion de deux crues et de manifestations de gilets jaunes qui ont interrompu les travaux. Pire, le groupe menace de stopper le chantier si on ne lui verse pas un acompte de 600 millions d’ici janvier.

“Un scandale d’Etat”

Une annonce qui fait bondir Valérie Pécresse, dont la région cofinance l’opération aux côtés de Paris, des Hauts-de-Seine, des Yvelines et de l’Etat. Elle charge SNCF Réseau en criant “au scandale d’Etat” et déplore “un manque d’explications et de justifications”. Valérie Pécresse s’insurge contre “une énième sortie de route” de la part de SNCF Réseau. Elle estime que la filiale de la SNCF doit prendre “ses responsabilités” si les coûts “ont été sous-estimés”. Par ailleurs, Valérie Pécresse affirme que sa région a été victime de chantages à plusieurs reprises de la part de SNCF Réseau qui menaçait de “suspendre les travaux s’il n’y avait pas un avancement de la trésorerie”. Elle prend l’exemple du projet entre Massy et Evry avec le tram T12.

Pour ce qui est du règlement de la facture, Valérie Pécresse prévient que la région Île-de-France “ne pourra pas régler la note”. D’autant que la présidente de l’Île-de-France explique que l’Etat “n’aidera pas la région pour des raisons politiques”. Selon elle, le gouvernement d’Emmanuel Macron a décidé “d’amputer le budget de la région et ne donnera pas d’argent à ses opposants politiques”. Néanmoins, pour la présidente d’Île-de-France, cela relève aussi “de la responsabilité de l’État”. Des accusations qui interviennent dans un contexte particulièrement tendu avec l’Elysée. Fin septembre, Valérie Pécresse, présidente d’Île-de-France Mobilités, a arrêté de payer la RATP et la SNCF, faute d’accord avec l’Etat à qui elle réclame 1,3 milliard d’euros pour compenser les pertes liées à la pandémie.

Concernant le projet Eole, Valérie Pécresse “souhaite supprimer la règle d’or qui protège la SNCF qui permet à cette dernière de ne pas s’endetter afin qu’elle retrouve sa responsabilité”. Deuxièmement, elle exige que “la Société du Grand Paris règle sa part à hauteur de 30% comme conclu au départ”. Valérie Pécresse demande par ailleurs “un audit global, industriel et financier pour faire la vérité sur ses dérives”. Si toutes ces propositions venaient à être refusées, la présidente d’Île-de-France réclamera “une mission de contrôle parlementaire avant la fin de l’automne”. Si elle n’est pas écoutée, Valérie Pécresse avertit: en janvier, “Eole s’arrête”. Le bras de fer ne fait que commencer.