Vincent Guenzi, stratégiste de Cholet Dupont, voit deux issues militaires au conflit : « une reddition rapide de l’Ukraine ou un enlisement même en cas de renversement du gouvernement actuel. Le scénario d’une extension du conflit est malheureusement possible au vu du profil psychologique de Poutine mais cette éventualité semble très peu probable eu égard au risque de déflagration mondiale qu’elle entraînerait. On peut espérer que la Chine, sans doute très au courant des projets de Poutine, userait de son influence pour le modérer. »
Au niveau économique, le régime des sanctions pourrait s’aggraver et durer, avec pour conséquences un risque inflationniste et de nouvelles perturbations des chaînes d’approvisionnement qui entraînent des arrêts de production dans plusieurs secteurs. Mais « la croissance des pays développés ralentira sans pour autant retomber en récession si un embargo sur le pétrole et le gaz russes n’est pas adopté. A contrario, en cas de rupture des livraisons énergétiques, il nous semble difficile d’exclure le risque de récession en Europe. »
Un sentiment général plus prudent
Conséquence logique, la prudence l’emporte sur les marchés même si le pessimisme n’est pas omniprésent. « L’analyse de la prime de risque nous amène à conclure que les indices boursiers n’intègrent pas encore totalement un risque élevé de récession même si in fine celle-ci n’avait pas lieu. De plus, la situation géopolitique ne semble pas pouvoir s’apaiser à court terme. C’est une condition essentielle à un retournement durable des indices boursiers. » Dans ce contexte troublé, cet expert recommande la prudence et l’attentisme. « Il est prématuré de renforcer ses positions en actions de manière globale. »
Vincent Guenzi a légèrement abaissé, de 49,5% à 48,3%, son exposition aux actions, tout en demeurant neutre à court terme. A moyen terme, une surpondération reste de mise, avec un accent toujours mis sur les Etats-Unis et l’Europe. Sur ces deux périodes, les actions est-européennes sont sous-pondérées. Au chapitre obligataire, les emprunts d’Etat européens, les obligations privées américaines et européennes bien notées et à haut rendement européen sont sous-pondérés à court et moyen terme. Les convertibles européennes le sont aussi à court terme.
Enfin, la neutralité est conseillée sur les emprunts d’Etat américains et la dette émergente tant à court terme qu’à moyen terme.