Les Français naviguent peu, mais cela pourrait évoluer ! Alors que 2 millions de Britanniques et autant d’Allemands s’embarquent chaque année en croisière, ils ne sont que 500 000 en France. « Une situation que nous avons décidé de changer, et nous nous en donnons les moyens », affirme Patrick Pourbaix, le président de MSC Croisières en France, deuxième groupe sur le marché français derrière Costa, filiale du géant Carnival (Cunard, P & O…). C’est pourquoi cet opérateur détenu par la famille italienne Aponte, également à la tête d’une importante division de cargos de marchandises, a déjà prévu de doubler le nombre de ses paquebots de croisières (de 12 à 24 bateaux d’ici à 2026), ce qui revient à tripler ses capacités d’accueil en raison de la taille de plus en plus grande de ces géants des mers.
Plus de 10 milliards investis
Compte tenu du temps de construction – plusieurs années – de ces nouveaux navires, MSC, fidèle client des chantiers de Saint-Nazaire, sait déjà qu’il sera, à cet horizon, le troisième acteur mondial. Son plan représente un investissement de plus de 10 milliards d’euros. Tout l’art de cet armateur consiste à convertir les vacanciers en croisiéristes pour remplir ses bateaux tout neufs. « Cette industrie repose assez spectaculairement sur une économie de l’offre, explique Vincent Groizeleau, expert de l’économie navale à Mer et Marine. Quand l’offre est abondante, cela suffit à doper le chiffre d’affaires, les économies d’échelles baissent les prix et les opérateurs déploient de gros efforts de marketing pour ne pas naviguer vides. »
Pour convaincre ses futurs clients, MSC prévoit un plan de bataille navale. « Nous avons identifié les quatre réticences pour partir en croisière et nous y apportons des réponses », révèle Patrick Pourbaix. Le premier, c’est le mal de mer. Il a quasiment disparu dans la réalité. « Les paquebots, longs de plus de 300 mètres et transportant plus de 5 000 passagers, bougent à peine du fait de leur taille, même en mer agitée. Et pour éviter la houle, nous déployons des ailerons stabilisateurs sous l’eau. »
Deuxième crainte : la peur de se retrouver au milieu de personnes âgées. « Cela peut arriver sur les croisières haut de gamme et les bateaux les plus petits, répond Vincent Groizeleau. Mais chez MSC comme Costa, la clientèle est familiale. » La moyenne d’âge des vacanciers est de 42 ans.
La troisième réticence, c’est le prix. Là aussi, les choses ont bien changé depuis les transatlantiques du début du XXe siècle. La croisière s’adresse bien aux classes moyennes : huit jours en Méditerranée en basse saison reviennent à moins de 500 euros, avec la gratuité pour les enfants. « Moins cher que le camping ! », s’amuse l’expert. Mais gare aux nombreux suppléments qui alourdissent la facture.
Enfin, la promiscuité et la crainte de faire la queue effraient beaucoup. « Notre métier consiste à gérer les flux de clients grâce à certaines tactiques et à une bonne connaissance des rythmes de vie de chacun, affirme Patrick Pourbaix. Autre atout, le Yacht Club, une offre premium avec espace à l’écart, cabines spacieuses, concierge, restaurant dédié et la possibilité de s’en échapper à tout moment !