Le climat des affaires se dégradant, il est important de dresser un état des lieux de ses placements. L’inflation rend caduque l’assurance-vie en euros au profit des unités de compte et des SCPI, tandis que, dans son compte-titres ou dans son PEA, il est impératif de détenir des valeurs défensives.
Le seuil des 6.000 points pour le Cac 40 est désormais enfoncé. Les investisseurs, qui appelaient pourtant la récession de leurs voeux afin de calmer l’inflation, ont changé d’avis, car, pour l’heure, le risque est de devoir affronter les deux fléaux en même temps.
En effet, la Réserve fédérale anticipe désormais une croissance quasi nulle pour 2022 (+ 0,2 %) aux Etats-Unis, contre un rythme de 1,7 % prévu en juin. Elle a aussi revu ses prévisions à la baisse pour les années à venir, tablant sur une progression du PIB américain de 1,2 % en 2023 au lieu de 1,7 %. Quant à l’inflation, elle est estimée désormais à 5,4 % cette année, contre 5,2 % attendu précédemment.
Dans ces conditions, la banque centrale américaine va devoir aller encore plus loin dans le durcissement de sa politique monétaire après avoir pourtant déjà effectué cinq hausses de taux cette année : 0,25 %, puis 0,5 % et, enfin, trois fois 0,75 %. Jerome Powell, son président, a expliqué qu’il allait poursuivre une politique monétaire restrictive au point de réduire la probabilité d’un ralentissement en douceur de l’économie.
La situation est d’autant plus préoccupante qu’au même moment Vladimir Poutine a décidé de durcir son effort de guerre en appelant 300.000 réservistes russes à s’engager en Ukraine.
Il en résulte indiscutablement une augmentation du risque récessif pour l’économie mondiale qui doit conduire les épargnants à la plus grande prudence. Pour autant, laisser son argent dormir sur son compte courant ou sur un contrat d’assurance-vie en euros n’est pas une solution, car il perdra de la valeur du fait de l’inflation : 5 % dans le premier cas et environ 3,7 % dans le second. Il convient donc de diversifier ses placements.
Dans son portefeuille d’actions, il est impératif d’intégrer le risque récessif des économies américaine et européenne. Pour se protéger, il y a de bonnes idées à prendre du côté des valeurs défensives dites « acycliques ». Ainsi, les opérateurs télécoms bénéficient de revenus récurrents grâce aux forfaits mensuels vendus à leurs clients, sachant que téléphone et Internet sont devenus des services de première nécessité, non remis en question par une crise économique.
Il en va de même pour les dépenses de santé et pour le secteur de la défense : dans le contexte géopolitique actuel, les contrats pluriannuels dans l’armement sont privilégiés. Le secteur des boissons alcoolisées, davantage que l’industrie alimentaire, plus pénalisée par l’inflation, offre aussi une belle protection face au ralentissement économique.
Dans cet environnement, il est donc intéressant de détenir dans son portefeuille des actions comme Deutsche Telekom, Orange, Sanofi, Pfizer, Thales, Pernod Ricard ou encore Diageo. Il convient aussi d’investir dans des valeurs décotées. Habituellement, il est préférable d’éviter les financières, car elles sont sensibles au climat économique. Mais, à court terme, les banques et les assureurs profitent de la hausse des taux orchestrée par les banquiers centraux. Cela leur permet d’améliorer leur rentabilité en prêtant plus cher et en plaçant leurs liquidités sur le marché obligataire avec des rendements plus élevés. Le PER inférieur à 3 de Stellantis constitue aussi un parachute en cas de marché agité. Faiblement valorisé, Ipsos, le spécialiste des études de marché et des enquêtes, peut profiter du contexte car les incertitudes nourrissent le besoin des entreprises de disposer d’informations sûres et pertinentes concernant leurs clients.
Quant aux valeurs de croissance, elles souffrent actuellement, mais ce sont les seules capables d’afficher encore une activité en progression en cas de récession. C’est pourquoi il est recommandé de détenir des actions comme Teleperformance, Capgemini et Microsoft.
Dans l’immédiat, répartir son portefeuille entre un tiers de valeurs défensives, un tiers de titres décotés et un dernier tiers de sociétés de croissance. Lorsque nous entrerons en récession, il deviendra alors intéressant d’augmenter la tech au détriment des banques.