PARIS, 7 décembre (Reuters) – Les marchés financiers resteront agités en 2019, ce qui plaide pour une allocation d’actifs flexible qui permettra de s’adapter aux mouvements en dents de scie attendus l’an prochain, indiquent les stratèges et gérants de BNPP AM.
Ils ont adopté une position stratégique neutre sur les actions mais sont actuellement surexposés tactiquement sur cette classe d’actifs, tablant sur un rebond à court terme après le mouvement de correction.
“Nous avions réduit le risque en septembre puis nous avons racheté des actions dans le courant de la baisse d’octobre puis de nouveau sur les points bas des derniers jours”, a indiqué vendredi Christophe Moulin, responsable de la gestion multi-actifs, lors d’un point presse.
“A court terme, l’analyse technique suggère que la correction est excessive et plaide pour un rebond” fin 2018 et début 2019.
Les gérants de BNPP AM ne voient pas de biais directionnel évident sur les marchés d’actions et se sont donc positionnés sur les actions des pays développés dans leur ensemble via l’indice MSCI World.
Ils ont néanmoins adopté une position longue (“acheteuse”) sur le CAC 40 face au DAX 30, plus exposé au phénomène de démondialisation appelé à être une thématique de long terme sur les marchés.
“Trump et les tarifs ne sont que le haut de l’iceberg. Le phénomène de démondialisation est plus large et plus important : c’est un retour de balancier après un paroxysme dans la mondialisation”, indique Christophe Moulin.
“C’est un phénomène durable qui verra intervenir des épisodes de tensions et d’accalmie.”
TROIS HAUSSES DE TAUX EN 2019
Parmi les autres risques mis en avant figurent le resserrement des politiques monétaires et les tensions politiques en Europe.
Daniel Morris, stratège chez BNPP AM, estime que les marchés ont tort de ne pas attendre, ou quasiment pas, de hausses de taux l’an prochain de la part de la Réserve fédérale (Fed). Il anticipe pour sa part trois relèvements en 2019, contre une précédente prévision de “trois ou quatre”.
“Aux Etats-Unis, ça va toujours bien. On ne voit pas de récession avant 2020, sinon après”, indique-t-il.
La croissance américaine devrait certes ralentir en 2019 mais le consensus des économistes attend encore 2,5% de progression du PIB l’an prochain, rappelle le stratège.
Les données sur l’inflation seront cruciales pour déterminer l’action de la Fed, ajoute-t-il.
En Europe, le ralentissement inattendu de la croissance cette année s’explique par une baisse des exportations vers les Etats-Unis, qui peut être imputée aux droits de douane imposés sur l’acier et l’aluminium, estime Daniel Morris.
La croissance en Europe devrait être stable en 2019, à condition qu’il n’y ait pas de problème au Royaume-Uni et en Italie, ajoute-t-il.
“Il existe beaucoup de possibilités et de scénarios autour du Brexit mais nous ne croyons pas à un ‘hard’ Brexit et nous pensons que cela débouchera sur des relations pas très différentes que par le passé entre le Royaume-Uni et l’Union européenne“.
En Italie, la hausse des taux d’intérêt a déjà pénalisé la croissance économique et menace d’affecter la popularité du gouvernement, constate Daniel Morris, ce qui obligerait selon lui Rome à faire des concessions.
(Blandine Hénault, édité par Marc Angrand)