Devises et taux : Lagarde (BCE) souligne les différences conjoncturelles Europe/USA

(Actualisé avec nouvel angle, précisions)

FRANCFORT, 21 juin (Reuters) – La zone euro et les Etats-Unis sont “clairement dans des situations différentes” en matière de perspectives d’inflation, a déclaré lundi Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), en minimisant le risque d’un impact de l’évolution des prix américains sur celle des prix européens.

Les responsables de la Réserve fédérale américaine ont désagréablement surpris les marchés financiers la semaine dernière en annonçant avoir commencé à discuter de l’arrêt futur des achats d’obligations de la Fed, prélude à un relèvement des taux d’intérêt qui pourrait donc intervenir plus tôt qu’anticipé jusqu’alors.

Ces annonces ont ravivé le débat sur le risque de montée de l’inflation et de resserrement des politiques monétaires ailleurs dans le monde.

Mais Christine Lagarde, lors de son audition au Parlement européen, a mis en garde contre une comparaison simpliste entre les deux rives de l’Atlantique, en expliquant que la reprise aux Etats-Unis était bien plus avancée que dans la zone euro.

“Les Etats-Unis et l’Europe sont clairement dans des situations différentes”, a-t-elle dit aux députés européens. “Il est tentant de les comparer mais cela n’est pas très judicieux au vu des différences nombreuses entre les deux économies.”

Elle a reconnu que l’accélération de l’inflation aux Etats-Unis pourrait avoir des “retombées” par le biais des prix à l’importation ou des anticipations d’inflation des consommateurs dans la zone euro.

“Globalement, cependant, les effets sur l’inflation IPCH de la zone euro devraient être modérés”, a-t-elle dit.

La BCE, a-t-elle ajouté, estime que les mesures de relance aux Etats-Unis auront un impact cumulé de 0,15 point de pourcentage sur l’inflation et de 0,3 point sur la croissance entre 2021 et 2023 dans la zone euro, des chiffres qui figuraient déjà dans les prévisions de mars de l’institution.

Christine Lagarde a aussi répété qu’il n’était pas encore temps de permettre une remontée des taux d’intérêt de marché, ce qui justifiait le maintien par la BCE de conditions de financement favorables.

“Une hausse soutenue des taux de marché pourrait se traduire plus largement par un resserrement des conditions de financement pour l’ensemble de l’économie”, a-t-elle expliqué en reprenant des propos tenus à l’issue de la réunion de politique monétaire du 10 juin.

“Un tel resserrement serait prématuré et constituerait un risque pour la reprise économique en cours et les perspectives d’inflation.” (Reportage Balazs Koranyi; version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot et Bertrand Boucey)

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