par Abhinav Ramnarayan
LONDRES, 31 décembre (Reuters) – Le marché des obligations souveraines, qui passe pour l’un des plus ennuyeux du monde, a encore brillé cette année, particulièrement dans la zone euro malgré la fin du programme d’achats d’actifs de la Banque centrale européenne.
Les investisseurs qui ont acheté en début d’année des obligations souveraines de la zone euro ont engrangé de solides bénéfices s’ils les ont conservées jusqu’au 31 décembre, à l’exception – et encore – des emprunts italiens.
La détérioration des perspectives économiques et un regain de tensions politiques ont profité au papier souverain, compensant l’impact du tarissement des achats de la BCE.
La demande a été stimulée tout à la fois par le bras de fer entre Rome et Bruxelles sur le budget italien, par les incertitudes autour du Brexit et par les tensions commerciales dans le monde.
Cela s’est traduit par un retour étonnant de 3,36% sur les obligations allemandes à 10 ans, bien supérieur au gain d’environ 1% prédit en début d’année, après deux années d’une rentabilité quasi nulle en raison des achats massifs de titres par la BCE. Et ce alors que les Bunds terminent l’année avec un rendement de seulement 0,25%.
Même aux Etats-Unis, où la Réserve fédérale a pu augmenter ses taux à quatre reprises en 2018, le retour du papier à dix ans sera légèrement négatif.
Si les obligations allemandes ont profité d’une fuite vers la qualité, la progression a été encore plus sensible dans d’autres pays de la zone euro.
Les obligations à 10 ans portugaises ont ainsi délivré un retour de 4,6%, suivies de peu par leurs homologues espagnoles à 4,3%.
“L’économie portugaise est revenue à son pic d’avant-crise, en termes réels, au deuxième trimestre 2018”, explique Evan Wohlmann, analyste chez Moody’s, qui a été en octobre la troisième agence de notation à relever sa note de crédit du Portugal en catégorie d’investissement.
Des difficultés persistent mais des réformes ont rendu l’économie portugaise plus résiliente, ajoute-t-il.
D’autres dettes dites périphériques, dont celle de la Grèce, ont aussi délivré des retours positifs.
En France, le retour des OAT à 10 ans a été réduit en fin d’année par la crise des “Gilets jaunes” et par les dépenses publiques décidées par le président Emmanuel Macron pour tenter d’y mettre fin, mais il n’en a pas moins dépassé 2%.
En Italie, la coalition populiste au pouvoir a déclenché un mouvement vendeur sur les emprunts d’Etat en faisant naître des doutes sur le maintien du pays dans l’Union européenne, avant de conclure un accord avec Bruxelles sur son projet de budget 2019.
Cette issue heureuse a permis une détente de 44 points de base du rendement des obligations à 10 ans en décembre. En conséquence, ces titres qui semblaient partis en octobre pour accuser une perte de 10% sur l’année ont limité leur repli à 1,78%.
(Véronique Tison pour le service français, édité par Marc Angrand)