Connaissez-vous les programmes des deux qualifiés du premier tour sur les principaux sujets économiques ? Quels seraient leurs impacts sur les retraites, l’euro, les revenus immobiliers ? Quelle vision ont-ils de la gouvernance économique en Europe ? Quelle politique énergétique entendent-ils suivre ?
Fiscalité de l’épargne : E. Macron allège l’ISF alors que M. Le Pen le maintient
E. Macron souhaite recentrer l’ISF sur le patrimoine immobilier, d’où son appellation d’impôt sur la « fortune immobilière ». Le fondateur d’En Marche ! souhaite aussi inciter les Français à investir plus dans les actions, c’est pourquoi il souhaite un taux unique de 30 % sur les revenus du capital mobilier. La fiscalité sur les revenus immobiliers et les droits de mutation Définition Somme correspondant à un impôt à verser à l’administration fiscale lors de la transmission d’un bien immobilier (à la suite d’une vente, par donation ou lors d’une succession).
ne change pas.
De son côté, Marine Le Pen conserve le système actuel, dont l’ISF. En revanche, elle propose une réduction des droits de mutation de 10 % sur les cessions immobilières.
Retraites : E. Macron propose une révolution alors que M. Le Pen veut avancer l’âge de départ
Il s’agit d’un des projets les plus ambitieux du programme d’E. Macron : annuler les 37 régimes différents et les remplacer par un nouveau système universel. Avec un principe simple : le même montant de cotisation donnerait droit à la même pension dans le public et dans le privé, sans toucher à l’âge légal de départ ou au montant des pensions.
M. Le Pen souhaite ramener l’âge de départ à 60 ans et la durée de cotisation à 40 annuités. Elle entend par ailleurs « instaurer une Prime de Pouvoir d’Achat (PPA) à destination des bas revenus et des petites retraites (pour les revenus jusqu’à 1 500 € par mois), financée par une Contribution Sociale sur les Importations de 3 % ».
Croissance : Le pragmatisme d’E. Macron face à la relance par la consommation de M. Le Pen
E. Macron se cale sur les prévisions des experts internationaux, qui anticipent pour la France une croissance entre 1,5 % en 2018 et 1,8 % en 2022. Le candidat d’En Marche ! souhaite que l’impôt sur les sociétés passe de 33,3 % à 25 %. En parallèle, il veut modifier la « loi travail » car il estime qu’elle n’est pas allée assez loin en termes de flexibilité. Finalement, il veut aussi investir 15 milliards d’€ dans les compétences des Français pour une meilleure correspondance de l’offre et de la demande sur le marché du travail.
M. Le Pen table sur une relance par la consommation des ménages les plus modestes, grâce à une enveloppe de 40 milliards d’€ annuels qui leur seraient restitués. D’une part 20 milliards d’€ en baisses d’impôts (essentiellement une baisse de -10 % sur l’impôt sur le revenu), d’autre part 20 milliards d’€ en pouvoir d’achat (essentiellement la PPA évoquée plus haut). Elle anticipe de ce fait 2 % de croissance en 2018 et 2,5 % en 2022.
Ecologie : E. Macron suit la politique actuelle alors que M. Le Pen revient en arrière
Le candidat d’En Marche ! propose une cible de 50 % d’électricité produite d’origine nucléaire à l’horizon 2025 (72 % aujourd’hui). Cet objectif est issu de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV, publiée au Journal Officiel du 18 août 2015).
M. Le Pen donne sa confiance au nucléaire, qu’elle ne veut pas réduire. Elle annonce en revanche la fin des éoliennes, qu’elle juge néfastes (pollution visuelle, coût, effets sur la santé). Sur ce dernier point, elle est en désaccord total avec E. Macron qui entend doubler la capacité des éoliennes.
Europe : E. Macron veut renforcer l’Union alors que M. Le Pen menace d’en sortir
E. Macron souhaite créer un Parlement de la zone euro afin que le budget (de la zone euro) soit voté et qu’il y ait une harmonisation fiscale. Cette proposition serait renforcée par le nouveau poste de ministre de l’Economie et des Finances de la zone euro.
Dans son programme initial, M. Le Pen prévoyait de renégocier les traités européens et d’organiser un référendum. Dans celui-ci, elle se positionnerait pour un maintien ou une sortie de l’UE et de l’euro, en fonction de l’issue des tractations.
Néanmoins, cette position a évolué avec l’accord de gouvernement signé avec Nicolas Dupont-Aignan le 28 avril 2017. Dans cette « alliance patriote et républicaine », il est prévu une monnaie nationale pour les transactions des particuliers et une monnaie commune européenne destinée aux Etats et aux grandes entreprises. Par ailleurs, il est précisé que ce projet n’est pas prioritaire dans le calendrier de gouvernement.