BRUXELLES, 7 février (Reuters) – La Commission européenne (CE) a revu en forte baisse jeudi ses prévisions de croissance en Italie en 2019 et 2020, affirmant que l’incertitude concernant les politiques menées par le gouvernement italien et la hausse des coûts d’emprunt ont plongé le pays dans la récession au deuxième semestre de l’an dernier.
La CE prévoit dans son dernier rapport trimestriel, une croissance de 0,2% seulement cette année en Italie, contre 1,0% en 2018 et une prévision de 1,2% annoncée en novembre.
Pour l’année 2020, l’économie italienne devrait croître de 0,8%, prévoit la Commission, alors qu’elle attendait une croissance de 1,3% lors de ses prévisions de novembre.
Le PIB de l’Italie s’est contracté de 0,1% au troisième trimestre, après avoir baissé de 0,2% au deuxième, ce qui place la troisième économie de la zone euro en situation de récession technique pour la première fois depuis cinq ans.
“Alors que le ralentissement initial était largement dû à un commerce mondial moins dynamique, le récent relâchement de l’activité économique est davantage attribuable à une demande intérieure faible, en particulier pour l’investissement, l’incertitude sur la politique du gouvernement et la hausse des coûts de financement s’étant fait sentir”, dit la Commission.
“Ce dont l’Italie a besoin ce sont de profondes réformes structurelles et des mesures décisives pour abaisser les niveaux de la dette publique, autrement dit, des politiques responsables qui soutiennent la stabilité, la confiance et l’investissement,” a ajouté le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis.
Le commissaire européen de l’Economie, Pierre Moscovici, a déclaré de son côté que l’exécutif européen continuerait à surveiller de près l’évolution de l’économie italienne.
Il a noté que les signes de rebond de l’économie italienne grâce à une augmentation des dépenses publiques n’étaient pas visibles et que sans la baisse de l’objectif du déficit convenu avec Bruxelles en décembre, les perspectives de l’économie italienne seraient bien plus mauvaises que prévu aujourd’hui.
Le ministre de l’Economie, Giovanni Tria, a minimisé les difficultés économiques rencontrées par l’Italie, reconnaissant que la croissance avait marqué le pas, tout en ajoutant qu’il était incorrect d’affirmer que le pays est en récession.
“Pour le moment, on peut parler de recul plutôt que de récession”, a-t-il dit au Parlement, tout en ajoutant que les indicateurs montraient que l’Italie rencontrait des “difficultés croissantes à maintenir sa production à ses niveaux antérieurs.”
Il a ajouté que la croissance du pays devrait reprendre progressivement cette année et a réaffirmé que le gouvernement n’avait aucune intention de prendre des mesures correctives visant à limiter encore le déficit budgétaire.
La Commission européenne a revu en forte baisse jeudi ses prévisions de croissance de l’ensemble de la zone euro cette année et en 2020, évoquant les tensions commerciales, mais aussi une dette publique croissante. (Jan Strupczewski, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Eric Faye)