BRUXELLES, 5 mai (Reuters) – La Commission européenne a mis un bémol dans ses efforts visant à promouvoir son projet d’investissement avec la Chine, estimant que le Parlement européen n’approuverait pas un tel accord alors que Pékin a décidé de maintenir ses sanctions à l’encontre de cinq eurodéputés.
Dans un communiqué publié mercredi, la Commission indique que l’accord global sur les investissements avec la Chine (CAI) ne peut être dissocié des autres dossiers entre l’UE et la Chine et que les sanctions à l’égard de parlementaires européens sont “inacceptables et regrettables”.
“Les chances d’une ratification du CAI dépendront de l’évolution de la situation”, écrit l’exécutif européen.
Mardi, le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, a déclaré à l’Agence France Presse que l’exécutif européen avait “en un sens” suspendu ses activités de sensibilisation politique et que l’environnement n’était pas propice à la ratification de l’accord.
Le CAI, mis en place fin 2020, est considéré comme un outil permettant d’assurer un meilleur accès des entreprises européennes aux marchés chinois et de rééquilibrer les relations économiques entre les deux blocs.
Le projet souffre cependant des préoccupations liées aux droits de l’homme et au travail forcé en Chine ainsi que de la défiance de Washington à l’égard de Pékin. Les sanctions prises par la Chine en mars à l’égard de parlementaires et de diplomates européens, dont le Français Raphaël Glucksmann, pour leur rapport sur le sort des Ouïghours dans la province du Xinjiang sont venues complexifier le dossier.
Pour le moment, la Commission procède à une révision juridique de l’accord et à sa traduction dans les différentes langues parlées au sein de l’UE. Un examen de l’accord par le Parlement européen n’est pas prévu avant 2022.
Au sein du Parlement, les sociaux-démocrates et les Verts sont opposés à cet accord.
Le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel soutiennent en revanche l’accord, mais le CAI ne sera ratifié qu’à l’issue des élections législatives en Allemagne prévues en septembre.
Alors qu’Angela Merkel a décidé de ne pas briguer un cinquième mandat, un nouveau gouvernement allemand intégrant des écologistes pourrait compromettre les chances de ratification de cet accord. (Philip Blenkinsop; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)