par Lucia Mutikani
WASHINGTON, 2 avril (Reuters) – L’économie américaine a créé nettement plus d’emplois que prévu en mars sous l’effet des progrès de la campagne de vaccinations contre le COVID-19 et des mesures de soutien prises par l’administration Biden, ce qui conforte les attentes d’une reprise vigoureuse.
Le département du Travail a recensé 916.000 créations de postes non-agricoles le mois dernier, montrent les données publiées vendredi, alors que les économistes interrogés par Reuters en prévoyaient en moyenne 647.000.
“C’est un bon chiffre mais il ne faut pas trop se concentrer sur ce seul chiffre”, commente JJ Kinahan, responsable de la stratégie de marché pour Ameritrade.
“La chose importante, c’est que le marché de l’emploi pointe vers la bonne direction. Nous n’en sommes pas encore où nous en étions avant le mois de mars de l’an dernier. Nous sommes encore à 5,5% de notre pic mais nous continuons à faire de gros progrès.”
Le rendement des emprunts d’Etat américains à 10 ans , dont la progression récente reflète à la fois la remontée des anticipations d’inflation et la perspective d’un rebond économique vigoureux, a augmenté ses gains après la publication de cette statistique, prenant près de deux points de base pour se rapprocher de 1,7%.
Le dollar est resté stable face à un panier de devises de référence et Wall Street ne réagira pas puisqu’elle n’ouvrira pas ses portes en ce “Vendredi saint”.
Les données du mois de mars marquent un anniversaire douloureux puisque le rapport de mars 2020 avait été le premier à montrer l’impact sur l’emploi des mesures de restriction prises pour tenter d’endiguer la propagation de la pandémie due au coronavirus.
LES ANTICIPATIONS D’UNE FORTE CROISSANCE RENFORCÉES
Près de 1,7 million d’emplois avaient été détruits ce mois-là et 20,7 millions le mois suivant. Les économistes pensent qu’il faudra au moins deux ans pour que le marché de l’emploi récupère les plus de 22 millions d’emplois perdus pendant la crise sanitaire.
Le chiffre de février 2021 a été révisé à la hausse pour faire apparaître 468.000 postes créés contre une estimation initiale de 379.000.
Le taux de chômage a reculé à 6,0% en mars, un taux conforme au consensus Reuters, après 6,2% en février.
Le salaire horaire moyen a quant à lui baissé de 0,1% le mois dernier, contre une augmentation de 0,1% attendue, et sa progression en rythme annuel atteint 4,2%.
Près de 150 millions de doses de vaccin contre le COVID-19 ont été administrées aux Etats-Unis, où un plan de soutien budgétaire de 1.900 milliards de dollars proposé par l’administration Biden a été approuvé le mois dernier par le Congrès et où des investissements massifs dans les infrastructures se dessinent.
La première économie du monde a connu une croissance de 4,3% en rythme annualisé au dernier trimestre de l’année 2020 et la progression du produit intérieur brut (PIB) pourrait avoir atteint 10% sur les trois premiers mois de l’année, selon les prévisions les plus optimistes.
La croissance sur l’ensemble de 2021 pourrait dépasser 7%, ce qui serait son rythme le plus élevé depuis 1984. L’économie américaine s’est contractée de 3,5% en 2020, sa pire performance depuis 74 ans.
Si les chiffres publiés vendredi alimenteront les anticipations d’une croissance économique forte, ils ne feront rien pour apaiser sur les marchés les craintes d’un emballement de l’inflation qui pourrait conduire la Réserve fédérale à resserrer prématurément sa politique monétaire.
(Lucia Mutikani, version française Laetitia Volga et Patrick Vignal)