EDF doit accélérer ses projets dans le nucléaire et les énergies renouvelables face au défi climatique, aux besoins de ses clients en énergie décarbonée et à la concurrence, estime son PDG Jean-Bernard Lévy dans une interview au Journal du Dimanche, tout en plaidant une nouvelle fois pour une réforme « indispensable » de l’organisation du groupe.
« Depuis 2015, nous avons construit avec l’État une stratégie pour EDF qui repose à la fois sur le nucléaire et sur les énergies renouvelables. Nous souhaitons l’accélération de certaines décisions », déclare le PDG d’EDF, dont l’Etat est actionnaire à plus de 83%.
Or, réaffirme-t-il, « le nucléaire fait partie des réponses à l’urgence climatique ». « Une nouvelle vague de construction de réacteurs est indispensable en France (..). Au printemps, nous avons formulé nos propositions détaillées au gouvernement?: lancer au plus tôt la construction de six EPR pour les mettre en service à partir de 2035, car les procédures et la construction prennent du temps. Là aussi, l’accélération est un mot-clé. »
S’agissant des énergies renouvelables, Jean-Bernard Lévy dit vouloir doubler le rythme actuel de construction d’installations.
« Partant de 34? gigawatts, notre objectif serait d’atteindre 100? gigawatts en? 2030. Mais il faudrait que nous disposions des moyens nécessaires à ce changement de rythme pour pouvoir réaliser les investissements correspondants », plaide-t-il.
Malgré des résultats en forte hausse au premier semestre 2021, qui assure l’avenir d’EDF à court terme, « une réforme en profondeur demeure indispensable à moyen et long terme » si le groupe veut rester « un acteur de premier plan », réaffirme Jean-Bernard Lévy.
Le PDG d’EDF ne dit mot sur une éventuelle reprise des discussions avec la Commission européenne sur la réforme, qui se heurtent à de tels déaccords qu’une source gouvernementale a déclaré fin juillet qu’un projet de loi en France sur la réorganisation n’était pas « envisageable » actuellement en raison de ces blocages.
Dans son entretien au JDD, Jean-Bernard Lévy estime que « les parts de marché d’EDF irritent à Bruxelles, alors que le choix nucléaire français engagé dès l’après-guerre nous fait bénéficier d’un système électrique autonome, exportateur, décarboné à plus de 90?%, et moins cher que ceux de nos voisins européens ». (Jean-Stéphane Brosse)