Emmaüs se bat pour la survie de son commerce solidaire face à Amazon et Shein

L’association Emmaüs dénonce les pratiques commerciales agressives des mastodontes du commerce en ligne qui menacent son modèle économique solidaire. Amazon, Shein, mais aussi Temu et AliExpress sont pointés du doigt pour leur stratégie de ventes massive à très bas prix, rendue possible par des conditions de production et de livraison peu éthiques.

Selon Maud Sarda, la directrice d’Emmaüs, la situation devient de plus en plus précaire. “Depuis un an ou deux, il est vraiment compliqué de survivre face à la concurrence déloyale de ces plateformes,” déplore-t-elle. Les publicités incessantes, les livraisons express et les prix imbattables pratiqués par ces acteurs majeurs du e-commerce rendent difficile la visibilité des initiatives éthiques comme celle d’Emmaüs.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre de visites mensuelles sur le site d’Emmaüs a chuté de 20% au cours des premiers mois de 2024, passant à 500 000 visiteurs. Cette tendance préoccupante met en lumière les défis auxquels sont confrontées les organisations prônant une consommation responsable dans un marché en ligne saturé.

Le secteur du livre, qui représente un tiers des revenus d’Emmaüs, est particulièrement touché par cette concurrence féroce. Malgré une collecte annuelle de plus de 20 millions de livres, l’association peine à écouler ses stocks sur internet face à la domination des géants du web.

Pour sensibiliser le public à cette problématique, Emmaüs lance une campagne intitulée “Tous nos livres se valent” sur les réseaux sociaux. L’objectif est de “favoriser la circulation solidaire du livre au lieu de sa destruction”, souligne Maud Sarda. En effet, selon une étude du Syndicat national de l’édition, 14% des livres produits en France en 2022 ont été détruits plutôt que vendus.

Emmaüs souhaite orienter ces invendus vers les grandes associations et reverser une partie des ventes pour rémunérer les droits d’auteur. Cette initiative s’inscrit dans la lignée de la lutte menée l’année dernière contre la plateforme Vinted, où l’association a appelé les Français à donner leurs vêtements usagés plutôt que de les revendre en ligne.

Bien que saluant l’initiative parlementaire visant à rendre la fast-fashion moins attractive, Maud Sarda appelle à des mesures plus strictes, comme limiter le nombre de nouveaux produits proposés quotidiennement par Shein ou interdire la livraison gratuite offerte par Amazon. Dans cette bataille pour la survie du commerce solidaire, Emmaüs se positionne comme un fervent défenseur d’une économie circulaire durable, en opposition aux pratiques prédatrices des géants du e-commerce.

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