La firme soumet au vote de ses associés un projet de séparation en deux entités recouvrant d’un côté les activités d’audit et de l’autre les activités de conseil. Depuis des années, les quatre grands cabinets comptables, qui comprennent EY, Deloitte, KPMG et PricewaterhouseCoopers, font l’objet d’un examen réglementaire, car ils craignent que leurs services de conseil ne compromettent leur capacité à mener des examens indépendants.
EY, dont le siège est à Londres avait démenti en juin les rapports sur ses plans de restructuration. La firme a déclaré qu’elle fournirait aux partenaires davantage d’informations avant de voter sur la scission qui commence pays par pays à partir de la fin de 2022. Si elle est ratifiée par les partenaires, la scission de l’entreprise marquerait le plus grand bouleversement du secteur depuis l’effondrement en 2002 d’Arthur Andersen, l’auditeur embourbé dans le scandale Enron et dont la chute a réduit les “Big Five” à “Big Four”.
L’activité de conseil pourrait notamment être introduite en Bourse, ce qui représenterait des millions de dollars de bénéfices pour les partenaires associés du cabinet international. La future entité doperait de 8 à 10 points la croissance de l’activité conseil pour dépasser un seuil de 20 %. Sur les 40 milliards de dollars (autant d’euros) de chiffre d’affaires actuels du groupe, la future entité représenterait 22 milliards, contre 18 pour le reste.
KPMG sous le coup d’une procédure à 1,3 milliard de livres
Cette procédure intervient alors que KPMG, concurrent d’EY, est par ailleurs poursuivi depuis peu dans une procédure à 1,3 milliard de livres pour manquements à ses obligations dans la faillite du groupe de construction Carillion, l’une des plus importantes jamais connues au Royaume-Uni. Le secteur de l’audit outre Manche est dans le collimateur du gouvernement, pointé pour n’avoir pas vu venir des faillites emblématiques ces dernières années: outre Carillion, celles de la chaîne de magasins BHS en 2016 (PwC) et du voyagiste Thomas Cook en 2019 (EY).
Londres avait annoncé l’an dernier un projet de vaste réforme du secteur, proposant notamment de créer une nouvelle agence de régulation de l’audit et de casser la domination des “big four”, les quatre principaux cabinets mondiaux de conseil et audit, pour éviter les conflits d’intérêts. La réforme ne cesse toutefois d’être repoussée.