L’exploitant de maisons de retraite, Orpea, a publié ses résultats semestriels préliminaires, montrant une baisse de rentabilité, en grande partie due à l’inflation des prix de l’énergie. Le groupe a également averti que sa marge du second semestre pourrait être encore plus faible.
Malgré la détérioration de sa réputation depuis la publication du livre “Les Fossoyeurs” par le journaliste Victor Castanet en début d’année, Orpea voit également ses performances opérationnelles se dégrader.
L’action de l’exploitant de maisons de retraite a subi un nouveau coup dur ce lundi, chutant de 20% à 16,65 euros, atteignant ainsi de nouveaux plus bas historiques. Sur l’ensemble de l’année 2022, la valeur a perdu plus de 80%, ce qui en fait la pire performance du SBF 120.
Cette réaction brutale du marché est due à la forte baisse de rentabilité affichée par Orpea, qui a publié une partie de ses résultats semestriels ce lundi. La marge d’Ebitdar, c’est-à-dire le résultat avant charges d’intérêt, dépréciation, amortissements et avant loyers, s’est établie à 18,5%, contre 24,9% au cours des six premiers mois de 2021, soit une baisse de 6,4 points, selon des données préliminaires et non auditées. Les chiffres bruts de l’Ebitdar n’ont pas été communiqués.
Invest Securities résume la situation en déclarant que la “performance opérationnelle” est “en chute libre”. Selon la société, deux tiers de cette baisse sont dus aux “réductions substantielles” des aides d’État liées à la Covid-19 et à la “comptabilisation au premier semestre 2021 de montants importants de produits spécifiques non reconduits en 2022”.
Le tiers restant est lié à l’inflation des coûts, en particulier des denrées alimentaires et de l’énergie. La part des dépenses énergétiques par rapport au chiffre d’affaires est passée de 1,9% au premier semestre 2021 à 2,9% au cours des six premiers mois de 2022.
De plus, Orpea a dû mener “une politique plus active de recrutements, en particulier en France”, en raison des tensions sur le marché de l’emploi. Cela s’est traduit par des coûts de recrutement plus élevés, notamment dans le secteur de l’intérim, ce qui a pesé sur la rentabilité.
Au-delà de ce premier semestre difficile en termes de rentabilité, la société a averti que la situation pourrait encore se détériorer au cours de la deuxième moitié de l’année. La société a mis en garde en déclarant que “la baisse de la performance financière observée au premier semestre 2022 par rapport au premier semestre 2021 se prolongera probablement au second semestre, et pourrait être amplifiée par la volatilité récemment observée sur les marchés de l’énergie”. Elle a conclu en déclarant que “dans ce contexte, et en fonction du redressement du taux d’occupation, le taux de marge d’Ebitdar du second semestre 2022 pourrait être inférieur à celui du premier semestre 2022”.
Un intermédiaire financier souligne que “la rentabilité sera encore plus basse au second semestre, alors que l’effet des réductions d’aides liées à la Covid-19 sera moins important. Globalement, tous les analystes devront réduire considérablement leurs estimations pour l’exercice 2022, dont les chiffres ne seront vraiment pas bons”.
Orpea publiera ses résultats complets et audités le 28 septembre après la clôture du marché. Ce sera l’occasion de savoir si le groupe a enregistré un bénéfice ou une perte sur la période, ainsi que de connaître l’impact total des éléments non courants. Sur ce dernier point, Orpea a indiqué qu’il effectuait actuellement des tests de dépréciation d’actifs, estimant que les dépréciations pourraient s’élever entre 170 millions d’euros et 220 millions d’euros.
L’exploitant de maisons de retraite prévoit de présenter un “plan de transformation” à l’automne, actuellement en cours d’élaboration. Ce plan vise à restaurer durablement les pratiques de l’entreprise, selon le directeur général de la société, Philippe Charrier.
“Nous pourrions ne pas avoir de catalyseur avant la présentation de ce plan”, craint l’intermédiaire financier cité précédemment.
Depuis les controverses médiatiques et politiques survenues en début d’année, Orpea a remplacé son ancien directeur général, Yves Le Masne, par Philippe Charrier puis Laurent Guillot. Son conseil d’administration a également été renouvelé en profondeur, avec la nomination de Guillaume Pepy, l’ancien patron de la SNCF, à sa présidence.
Suite aux allégations de maltraitance contenues dans “Les Fossoyeurs”, le groupe a commandé un audit indépendant à deux cabinets, Grant Thornton et Alvarez & Marsal. Les résultats de cet audit ont confirmé plusieurs dysfonctionnements, notamment dans la gestion des ressources humaines, mais ont écarté l’existence d’un système de rationnement alimentaire pour les résidents. L’audit a également révélé des montants non éligibles ou excessifs déclarés aux autorités pour l’utilisation de fonds publics. En août, Orpea s’est engagé à rembourser un peu moins de 26 millions d’euros d’aides publiques perçues indûment.
En France, une enquête préliminaire pour maltraitance institutionnelle et infractions financières a été ouverte en avril, suite à un signalement du gouvernement.