Le nombre de faux billets saisis a reculé de 18% entre 2019 et 2020. Une tendance qui confirme la baisse des dernières années. Pourtant, les faussaires n’ont pas dit leur dernier mot. Alors comment reconnaître un faux billet ou une fausse pièce ? Que faire si vous êtes en possession d’une contrefaçon ? On vous dit tout !
460 000 : c’est le nombre de faux billets en euros qui ont été retirés de la circulation l’an dernier, d’après la Banque centrale européenne (BCE). Ce chiffre peut paraître important. Il est toutefois en baisse de près de 18% par rapport à 2019, confirmant une tendance amorcée en 2016. Ces dernières années, pourtant, les médias dont MoneyVox s’étaient fait l’écho de la montée en puissance d’un nouveau type de fraude : la movie money. Originellement destinés à l’industrie du cinéma, ces faux billets ont quitté les plateaux de tournage pour envahir les caisses enregistreuses des commerçants.
Quelle est la probabilité de tomber sur un faux billet ?
La BCE se veut toutefois rassurante : en comparaison des 25 milliards de billets authentiques actuellement en circulation, les fausses coupures ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan monétaire. On compte ainsi en moyenne 17 contrefaçons détectées par million de coupures authentiques.
Il faut dire que la BCE ne facilite pas la tâche des faussaires. Au cours des dernières années, l’institution a progressivement remplacé les billets en circulation par de nouvelles coupures, dotées de mécanismes de sécurité inédits. Sobrement baptisée « Europe », la nouvelle série a été finalisée en 2019, avec la parution des nouveaux billets de 100 et 200 euros.
Seul le billet de 500 euros n’a pas été renouvelé. Peu utilisé pour les transactions du quotidien, il était en revanche soupçonné de faciliter le blanchiment d’argent, la fraude fiscale et le financement du terrorisme. A tel point que les services secrets le surnommaient le « Ben Laden ».
Comment reconnaître un faux billet ?
Quoi qu’en berne, la fraude aux faux billets demeure un fléau. Surtout pour les commerçants. Fort heureusement, la nouvelle génération de billets embarque de nombreux dispositifs destinés à empêcher la contrefaçon. Pour savoir si votre billet est un vrai ou un faux, la BCE recommande la méthode TRI (toucher, regarder, incliner) :
Toucher le billet. Il ne suffit pas d’imprimer un faux billet sur du papier classique pour obtenir une imitation convaincante. Le papier des billets authentiques a une texture bien particulière : ferme et légèrement craquante. Au recto, passez vos doigts sur les bordures du billet et vous découvrirez une série de petites lignes imprimées en relief. Le motif principal et le grand chiffre indiquant la valeur du billet sont également en relief.
Regarder le billet. Levez votre billet et inspectez-le par transparence. Vous devriez alors apercevoir en filigrane le portrait d’Europe, la valeur du billet, et son motif principal. Guettez également l’apparition du fil de sécurité : une ligne sombre qui traverse le billet de haut en bas et sur laquelle on peut distinguer, en très petits caractères, le symbole de l’euro et la valeur du billet. Enfin, la valeur du billet est indiquée en haut à gauche, mais seulement une partie des chiffres est visible sur chaque face du billet. En observant le billet par transparence, les deux parties se complètent parfaitement pour former un chiffre unique.
Incliner le billet. Pour finir, les vrais billets de banque sont équipés d’un hologramme dont les reflets apparaissent lorsque vous inclinez le billet. Pour les petites coupures, cet hologramme se situe sur la bande latérale, tandis que sur les grosses coupures vous trouverez une pastille holographique argentée représentant un portrait d’Europe.
Dans le cas de la movie money, l’opération est encore plus simple. Outre l’absence des mécanismes de sécurité évoqués à l’instant, il vous suffit de vérifier la présence de la mention « This is not legal. It’s to be used for motion props » inscrite en lettres bleues dans la marge du billet. Autre signe caractéristique : un faux numéro de série, qui est souvent le même (MB 66688880).
Comment reconnaître une fausse pièce ?
Si les billets sont scrupuleusement identiques d’un pays européen à un autre, les pièces ont des faces différentes propres aux pays d’émission. Il y a toutefois des caractéristiques communes. Le revers de la pièce est systématiquement composé de la valeur d’échange et d’une représentation de l’Europe. Sur les pièces de 1, 2 et 5 centimes, la place de l’Europe dans le monde est représentée. Pour les pièces de 10, 20 et 50 centimes, de 1 et 2 euros, c’est une carte de l’Union européenne qui est présente.
Autres traits communs : les couleurs. Les pièces de 1, 2 et 5 centimes sont rouge cuivre. Celles de 10, 20 et 50 centimes sont entièrement jaune. Et les pièces de 1 et de 2 euros sont bicolores.
Que faire si vous trouvez un faux billet ou de la fausse monnaie ?
En cas de doute sur l’authenticité d’un billet (ou d’une pièce de monnaie), montrez-le à votre banquier ou à la Banque de France. Si c’est bien un faux, il sera immédiatement retiré de la circulation. La Banque de France vous fera un reçu mais ne vous donnera pas, pour autant, un billet authentique en échange.
Si, par exemple, vous vous êtes retrouvé en possession d’un billet contrefait après un retrait au distributeur ou au guichet, la responsabilité de l’agence bancaire peut être engagée. L’article 442-2 du Code pénal dispose en effet que « le transport, la mise en circulation ou la détention en vue de la mise en circulation des signes monétaires contrefaisants ou falsifiés […] ou des signes monétaires irrégulièrement fabriqués […] sont punis de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende ». Mais, il faut que vous puissiez prouver que le faux provient bien de l’agence.
Sachez qu’il est interdit de remettre en circulation un billet dont vous savez qu’il est contrefait. Votre responsabilité sur la base de l’article 442-7 du Code pénal peut être engagée. « Le fait, pour celui qui a reçu les signes monétaires contrefaisants ou falsifiés […] en les tenant pour bons, de les remettre en circulation après en avoir découvert les vices est puni de 7 500 euros d’amende », dispose en effet cet article juridique.
Consolation pour un commerçant se retrouvant avec de faux billets dans sa caisse : il peut déduire ce manque à gagner de son résultat comptable (ce qui lui permet donc d’obtenir un geste fiscal). Le reçu remis par la Banque de France doit être gardé. Il sert alors de justificatif fiscal.
Détecteurs de faux billets : une vraie solution ?
Malgré vos efforts, un doute persiste ? Ou peut-être n’avez-vous tout simplement pas le temps de vérifier par vous-même l’authenticité de chaque coupure qui passe entre vos mains ? Il existe dans ce cas des détecteurs de faux billets. Ces derniers peuvent être très basiques, à l’image des stylos détecteurs, dont l’encre transparente prend une couleur vive lorsque le billet est un faux.
Pour un usage professionnel (si vous êtes commerçant, par exemple), vous pouvez même aller plus loin en vous équipant d’un détecteur de faux billets à lampe UV, voire d’un détecteur automatique, plus rapide et surtout plus fiable.