Considérant que l’économie américaine s’approche d’une situation de plein emploi, il estime en effet que « des hausses graduelles des taux d’intérêt sur les fonds fédéraux seront sans doute suffisantes pour maintenir la politique monétaire à un niveau neutre » dans les mois qui viennent.
Pour rappel, les taux d’intérêt US se situent depuis décembre dernier dans une fourchette comprise entre 0,25 et 0,50%. En septembre dernier, date de sa dernière réunion traitant du sujet, le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a décidé de ne pas les remonter. Reste à savoir jusqu’à quand ! Les propos du vice-président ont toutes les chances de relancer le débat sur les places financières mondiales.
« Compte tenu des perspectives plutôt favorables pour l’économie, certains pourraient se demander pourquoi nous n’avons pas augmenté les taux en septembre« , a par ailleurs ajouté Stanley Fischer. Précisant que la décision avait été difficile à prendre et qu’en tout état de cause, elle ne reflétait pas un manque de confiance dans l’économie.
S’il a par ailleurs rappelé que les prévisions moyennes actuelles des membres de la Fed (Dot plot) tablaient sur des fonds fédéraux à 1,1% à la fin 2017, 1,9% à la fin 2018 et 2,6% à la fin 2019, il a toutefois tenu à rappeler que « la politique monétaire n’est pas sur une trajectoire préétablie ». « Les perspectives économiques sont par définition incertaines et notre détermination de l’évolution appropriée des fonds fédéraux changera en fonction de l’évolution de l’économie et des risques« , a-t-il même prévenu.
Stanley Fischer l’affirme également : selon lui, l’économie américaine est « proche du plein emploi avec encore un peu de marge d’amélioration ». Méthode Coué ou volonté d’embrumer les électeurs, je vous en laisse juge.
Le vice-président de la Fed a toutefois concédé que la productivité restait un sujet de préoccupation. « La productivité a reculé de 0,5 % sur les quatre derniers trimestres et n’a augmenté que d’un 0,25 % par an en moyenne depuis 2011″, a-t-il rappelé.
« Si l’amélioration du marché de l’emploi a conduit à une augmentation des revenus des ménages ces dernières années, la clé de l’amélioration du niveau de vie réside dans un regain de la croissance de la productivité à des niveaux plus normaux de l’ordre de 1,5% par an », a-t-il estimé.
En mai dernier, la présidente de la Fed, Janet Yellen, avait quant à elle déclaré qu’elle considérait comme « un rythme absolument misérable« les taux de progression de la productivité américaine. Laquelle a péniblement augmenté de 0,3 % l’an dernier, un chiffre cinq fois inférieur à la normale et bien loin des 2,5 % affichés dans les années 90 avant que n’explose la bulle Internet.
Si les entreprises US ont recruté en masse, elles n’arrivent que très peu – voire pas – à accroître la valeur des richesses produites à l’échelle du pays. Bien que 15 millions d’emplois ont été créés ces six dernières années, aucun sursaut de croissance n’est enregistré.
En mai dernier, le think tank du Conference Board anticipait d’ores et déjà que la productivité devrait reculer cette année, ce qui, le cas échéant, serait une première depuis trois décennies. Si l’on en croit les résultats de ses travaux, pour une même heure travaillée, un Américain devrait ainsi produire 0,2 % de richesses de moins en 2016 qu’en 2015. « L’an dernier, nous donnions l’impression d’entrer dans une crise de productivité. Nous sommes en plein dedans aujourd’hui », déclarait alors Bart van Ark, économiste en chef du Conference Board.
Le sujet est d’autant plus préoccupant qu’il s’invite dans la campagne présidentielle américaine par le biais de la stagnation du pouvoir d’achat des citoyens américains. De nombreux électeurs y voient comme une sorte de régression voire même de déclin … vague sur laquelle surfe allègrement Donald Trump.
Sources : AFP, Les Echos
Elisabeth Studer – 9 octobre 2016 – www.leblogfinance.com