L’agence de notation Fitch a annoncé vendredi avoir abaissé la note de la dette souveraine de la Turquie, estimant que “les risques pesant sur la stabilité macroéconomique du pays se sont intensifiés”.
La note passe de “BB+” à “BB”, la repoussant encore davantage dans la catégorie spéculative. Elle est assortie d’une perspective négative, ce qui implique qu’elle pourrait encore être abaissée prochainement, précise Fitch dans un communiqué.
L’agence relève notamment un environnement financier plus difficile, une accélération de l’inflation ou encore l’impact du plongeon du taux de change sur le secteur privé, dont la dette est très liée aux devises étrangères.
Fitch souligne “que la crédibilité de la politique économique s’est détériorée ces derniers mois et les premières mesures prises après les élections de juin ont augmenté l’incertitude”.
Les experts s’inquiètent des signes d’essoufflement qui se multiplient: la livre turque ne cesse de se déprécier face au dollar (elle a perdu 30% de sa valeur depuis le début de l’année) et l’inflation sur un an a franchi la barre des 15% en juin (15,39% exactement sur un an), un record depuis 2003.
Les marchés s’inquiètent aussi de la dérive autoritaire.
La Turquie est formellement passée cette semaine d’un système parlementaire à un régime présidentiel qui fait de Recep Tayyip Erdogan l’unique détenteur du pouvoir exécutif. Cette transition a notamment fait disparaître la fonction de Premier ministre.
Le président turc s’est aussi octroyé par décret la prérogative de nommer le chef de la banque centrale, signalant ainsi sa volonté d’avoir la main sur les leviers économiques.
Il a par ailleurs nommé son gendre Berat Albayrak comme nouveau ministre des Finances.