De telles actions suscitent d’autant plus les interrogations que nous avions déjà l’esprit en éveil depuis les attentats terroristes perpétrés sur le territoire français depuis 2015. Les événements survenus résonnant d’ores et déjà de manière troublante avec les “thèses” présentées – certes à demi-mots et de manière romancée – par JC Rufin dans son livre.
La peur : une arme suprême
Le thème de Globalia, livre tout de même écrit par l’ancien ambassadeur de France au Sénégal en poste de 2007 à 2010, homme qui sait de quoi il parle et qu’on peut difficilement targuer de conspirationnisme : le terrorisme. Ou plutôt : à qui profite le terrorisme et plus largement la terreur et la peur …
Rappelons tout d’abord comme préambule ce nous indique le Larousse sur le terme terrorisme. D’entrée la définition est édifiante : “ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc.) commis par une organisation ou un individu pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système.” Certains définitions mises en avant par Google associent ni plus ni moins le terrorisme au “gouvernement par la terreur”. Tout un programme …
C’est là où le choc qui secoue la France depuis quelques jours face aux violences perpétrées – et diffusées (dans tous les sens du terme) en boucle par tous les medias – plongeant le pays dans le chaos revêt toute son importance.
Car la recette « miracle » pour assurer la cohésion de Globalia, c’est la peur. Laquelle est agitée via trois « leviers » : le terrorisme, les risques écologiques et la paupérisation. Cela ne vous rappelle rien ? Si les Gilets Jaunes – ou plutôt les pages Facebook des Gilets jaunes – – affirment en être désormais à l’acte 4, nous pourrions en être désormais à l’Acte 3 du monde version Globalia. Terrorisme et risques écologiques ayant préparé le terrain …
Alors reprenons.
Globalia ou la globalisation poussée à son paroxysme
Globalia s’offre – à l’origine – comme une société «parfaite», un Etat « parfait » ayant réussi à unifier toutes les nations que nous connaissons aujourd’hui et isolé du reste du monde (les «non-zones») par une bulle de verre sous laquelle le climat est réglé par des canons à beau temps.
Son organisation et ses fondements ? une gouvernance mondiale ou plutôt une extension de la mondialisation, la globalisation poussée à son paroxysme. Laquelle passerait par la disparition des États, des religions, des références culturelles et identitaires, une abolition de toutes les frontières et de toutes les normes plus ou moins nationales, afin de créer une seule et unique identité, celle de citoyen du monde.
Unique marché mondial
Un contexte “Globalien” – de prime abord – propice à la paix. Et à un immense et unique marché mondial, global, ou les profits ne connaîtraient plus aucune limite. Permettant au final à quelques très grandes firmes transnationales – comme les GAFA ? – de multiplier leurs gains en détenant de façon antidémocratique de plus en plus de pouvoir.
Troublant de constater alors que c’est Amazon qui semble profiter du “crime” en cette période agitée de manifestations dont les Gilets jaunes sont à l’origine, à partir de mouvements organisés via Facebook (autre GAFA). Les achats de Noël de millions de Français se reportant sur la vente en ligne à défaut de pouvoir consommer dans des magasins non virtuels.
L’Homme réduit à l’état de consommateur … individuel
Cet endroit merveilleux de prime abord aurait – officiellement – pour souci de rendre ses citoyens heureux, les libérant de toutes contraintes matérielles en les prenant en charge de la naissance à la mort et disposant des moyens médicaux assurant une vie en bonne santé bien au-delà des cent ans.
Bien sur, pour être efficace, la machine Globalia devra au préalable laminer les États, plomber les communautés nationales, réduire l’homme uniquement à sa composante matérialiste, en faire un simple consommateur. En développant avant tout l’individualisme, l’égoïsme, le changement voire l’absence de valeurs fondamentales permettant d’éviter toute opposition structurée. Cela ne vous rappelle toujours rien ???
Car dans Globalia, l’homme y est considéré comme une espèce potentiellement dangereuse, livres, papier et stylos ont disparu (tiens ….!), les cartes géographiques ont été abolies et l’apprentissage de l’Histoire s’apparente à un délit.
Le drapeau de Globalia compte 250 étoiles, sa langue officielle est l’anglobal, la monnaie le globar et la devise «In Globe we trust» compte trois points : séparation stricte et définitive entre Globalia et les « non-zones », destruction de toute forme d’organisation politique dans lesdites non-zones … et maintien d’un haut degré de cohésion grâce à une forte armature de sécurité intérieure. Cerise sur le gâteau : dans ces “non-zones”vivent des tribus dont les membres sont désignés comme terroristes potentiels voulant la destruction de Globalia.
Car, rappelons-le, la recette « miracle » pour assurer la cohésion de Globalia, c’est la peur, agitée via trois « leviers » : le terrorisme, les risques écologiques et la paupérisation.
La peur comme outil de cohésion
Or, survient un jour où Globalia est confronté à un grave problème … : elle n’a plus d’ennemi …. ! Ce qui, convenez-un, est un facteur important d’explosion sociale, la peur de l’autre, de la mort et du ciel qui peut nous tomber sur la tête, assurant, vous en conviendrez, une cohésion du plus bel effet.
Les burocrates du BIM (Bureau d’identification de la menace), chargés de l’application concrète du slogan «La surveillance, c’est la liberté» tentent alors de trouver une « solution » .
«Un bon ennemi est la clef d’une société équilibrée », explique ainsi l’énigmatique et tout puissant Ron Altman dont nous nous apercevrons au final qu’il est loin d’être éloigné du monde de la finance planétaire désormais aux mains d’oligarques prêts à tout pour assurer leur pouvoir.
Face au problème crucial auquel il est confronté – « nous n’avons plus d’ennemi digne de ce nom, nous avons trop affaibli les non-zones » – notre homme trouvera au final une solution pour le moins explosive : « il ne suffit plus de perpétuer les formes de la tragédie, il nous faut un héros pour l’incarner » telle sera sa nouvelle devise. Sa stratégie sera alors bâtie autour d’un axe : la création d’un «Nouvel Ennemi».
Bien évidement, la télévision de Globalia ne cesse de proclamer que les citoyens nagent en pleine « démocratie idéale où chacun y est libre de ses actes ». Le hic ? La fâcheuse « tendance naturelle des êtres humains » … « d’abuser de leur liberté, c’est-à-dire d’empiéter sur celles des autres ».
“La plus grande menace sur la liberté, c’est la liberté elle-même” prône un slogan « globalien ». Alors « comment défendre la liberté contre elle-même? » La solution « globalienne » est la suivante “en garantissant à tous la sécurité. La sécurité, c’est la liberté. La sécurité, c’est la protection. La protection, c’est la surveillance. La surveillance, c’est la liberté.”
Une référence à peine voilée à la justification du Patriot Act US et aux autres lois sécuritaires déployées au niveau mondial … et désormais en France ?
Vous ne pourrez plus dire que Jean-Christophe Rufin ne vous avait pas prévenu quand Manuel Valls arrivera prochainement à faire passer des lois liberticides pour officiellement vous protéger et protéger votre liberté écrivais-je déjà en janvier 2015 …
Pour en revenir au monde d’aujourd’hui, en y adaptant les « concepts » de Globalia, il ne semble pas totalement irréaliste d’imaginer que les mouvements islamophobes et désormais le paupérisme – demain le phénomène de migrants climatiques – puissent servir au final les intérêts de l’oligarchie mondialiste, laquelle pourrait être tentée – si ce n’est déjà fait – de jouer sur les conflits communautaires, pour renforcer son pouvoir. Et de diviser pour mieux régner … Une recette qui a prouve son « efficacité » à moult reprises. Et qui est clairement reprise par les « maîtres » de Globalia.
Mieux encore : la propagande islamophobe et désormais également anti-Gilets Jaunes permettra de créer de toute pièce le portrait-robot d’un coupable idéal, lequel s’avérera bien utile pour gommer toute responsabilité des gouvernements … et des institutions telles que BCE et FMI … dans l’avènement d’une crise qui ne devrait pas tarder à faire surface. Voire même au delà, justifier les coupes budgétaires imposées par la BCE – pour ne pas dire l’austérité – par le coût des réparations des violences, dégradations, destructions opérées par les manifestants, imputant de surcroît les problèmes économiques et financiers de la France au mouvement. Et non à l’état catastrophique de ses finances.
Plus facile pour les gouvernants d’expliquer aux Français et à la planète toute entière que la prochaine politique d’austérité qui devra être mise en place en France devra l’être “à cause” des “énormes” conséquences financières des mouvements des Gilets Jaunes … que de dire ni plus ni moins qu’il s’agit d’une politique menée – comme en Grèce – pour satisfaire au diktat de la Troïka (BCE – FMI – Commission européenne) … à la plus grande joie des banques.
Cette « victime de substitution » disposant – selon Nicolas Bourgoin, démographe, docteur de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales – de toutes les bonnes vieilles qualités du bouc émissaire : « économiquement dominé, socialement isolé et politiquement fragile ».
Elisabeth Studer – 7 décembre 201
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