Les résultats des élections législatives du 9 juin ont conduit le Président de la République à dissoudre l’Assemblée nationale, une décision inattendue qui a secoué les marchés financiers. Le Président a mis en garde contre les risques économiques potentiels d’une victoire du Rassemblement National (RN), soulignant que cette situation pourrait augmenter les coûts d’accès au crédit et aux logements.
Répercussions sur les taux de crédit
Depuis cette annonce, le taux d’emprunt d’État à 10 ans (OAT 10 ans), qui sert de référence pour les taux de crédit aux particuliers, a subi une hausse. Selon la Banque de France, ce taux est passé de 3,1184 % le 7 juin à 3,2399 % le 11 juin, avant de redescendre légèrement à 3,15 % le 12 juin. Sandrine Allonier, porte-parole du courtier Vousfinancer, explique cette réaction par la surprise des marchés, qui réagissent négativement aux imprévus.
Cependant, il est important de noter que la dégradation récente de la note de la France par Standard & Poor’s (S&P) n’a pas eu le même impact sur les taux d’emprunt, car elle avait été anticipée. Les banques, quant à elles, semblent s’affranchir progressivement des variations des taux d’emprunt d’État, adaptant leurs marges en fonction de l’assurance de prêt et des objectifs de captation de nouveaux clients.
Stabilité des taux de crédit
Malgré ces fluctuations, les taux de crédit devraient rester relativement stables jusqu’aux élections législatives. Les banques continuent d’offrir des barèmes attractifs pour attirer les emprunteurs, même si elles doivent parfois réduire leurs marges. Cécile Roquelaure, directrice des études chez Empruntis, estime que la période estivale ne devrait pas voir de changements significatifs dans les taux de crédit.
Écart avec les taux allemands
L’écart entre les taux d’emprunt français et allemands est une source de préoccupation supplémentaire. Actuellement autour de 0,80 %, cet écart pourrait pousser les investisseurs à préférer les obligations allemandes, perçues comme plus sûres. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a exprimé ses craintes d’une crise financière en cas de victoire du RN ou de la gauche aux prochaines élections.
Conséquences possibles d’un changement de gouvernement
Si un parti inédit au pouvoir, comme le RN, remportait les élections, les impacts pourraient être plus profonds. Une montée rapide de l’OAT 10 ans au-delà de 3,5 % pourrait effectivement augmenter les taux de crédit. Cela serait le signe d’une instabilité perçue par les marchés, affectant l’accès au crédit et l’activité immobilière.
Un nouveau gouvernement pourrait instaurer des mesures économiques incertaines, influençant les décisions d’achat immobilier. Par exemple, le RN propose un prêt à taux zéro (PTZ) de 100 000 €, ce qui pourrait inciter certains acheteurs à attendre la mise en place de ces mesures. Les banques, quant à elles, pourraient devenir plus prudentes dans leurs prêts en fonction de la politique économique et de l’emploi.
Perspectives pour l’automne
Les prévisions pour la fin de l’année restent floues. Les courtiers anticipaient des taux de crédit autour de 3,30 %, mais beaucoup dépendra des décisions de la Banque Centrale Européenne (BCE) et des évolutions politiques. La BCE devrait poursuivre sa politique d’assouplissement monétaire, ce qui pourrait stabiliser les taux de crédit.
Les banques continuent de proposer des conditions attractives pour maintenir leur clientèle, mais l’incertitude persiste. Sandrine Allonier souligne que les prochains mois seront déterminants pour comprendre les véritables impacts des récents développements politiques et économiques sur le marché du crédit et de l’immobilier.