En 2017, Kim Salmon et Sophie Lebel ont créé Kiki à Paris, un blog de bons plans dans la capitale. Ces épicuriennes y racontent leurs sorties : bar caché, brunch dominical, pièce de théâtre, escape game… Des activités que ces salariées de start-up arrivent désormais à réaliser sans débourser un seul euro. En effet, fortes de 20 000 visiteurs uniques (VU) par mois sur leur blog et 16 000 abonnés sur Instagram, Kim et Sophie sont devenues des influenceuses courtisées. » Depuis un an, nous avons suffisamment d’audience pour être contactées par des agences de communication afin de parler de tel ou tel endroit ou activité culturelle à Paris « , explique Sophie Lebel. Dernièrement, c’est un restaurant italien du XVIIe arrondissement qu’elle a testé gratuitement en échange d’un article et d’une photo sur Instagram.
Résultat, les deux trentenaires ont enfin les moyens d’étancher leur soif de découvertes, quasi sans bourse délier : « La vie coûtant assez cher à Paris, le blog nous permet de faire plein de choses comme des sorties au théâtre et au restaurant que nous ne pourrions nous offrir. »
Placements de produits
Pas besoin de millions d’abonnés comme Kylie Jenner, la soeur de Kim Kardashian, devenue la plus jeune milliardaire « faite par les selfies », selon le magazine Forbes. « A partir de 1 000 abonnés, un influenceur peut faire du placement de produits en échange de cadeaux. Dès 20 000, il gagne un peu d’argent. A 50 000, il peut en retirer 2 000 euros par mois », détaille Quentin Bordage, fondateur de l’agence Kolsquare. D’après l’enquête « Les influenceurs et les marques », 82 % d’entre eux ont ainsi entre 1 000 et 50 000 abonnés, soit des dizaines de milliers de personnes en France qui complètent leurs revenus avec cette activité. Voire arrivent à en vivre après quelques années. C’est le cas de Françoise Sudarovich. A 52 ans, cette photographe s’est reconvertie par hasard dans le blogging culinaire. « Mes trois enfants qui étaient partis de la maison m’appelaient tout le temps pour me demander des conseils en cuisine. Avec mon mari informaticien, j’ai décidé de créer un blog pour y mettre mes recettes et être tranquille ! » Au fur et à mesure, elle s’est créé une petite notoriété sur la toile (45 000 VU/mois). L’an dernier, grâce notamment à un partenariat avec l’enseigne Grand Frais, son auto-entreprise a réalisé 25 000 euros de chiffre d’affaires. Qui viennent s’ajouter aux cadeaux et aux voyages gratuits.
Opportunités à saisir
Le marketing dit d’influence explose en France. Le marché aurait atteint 150 millions d’euros en 2018 et devrait encore doubler cette année. Plus aucune marque n’ignore désormais le phénomène. « Les secteurs de la mode et de la beauté sont les plus avancés, suivis de près par le tourisme, la high-tech, le sport, l’agroalimentaire et les animaux », avance Quentin Bordage. S’il commence à être difficile de percer dans ces domaines, il reste encore de multiples opportunités à saisir. « Tout ce qui tourne autour de l’éco-responsabilité marche très fort en ce moment, observe Xavier Berthier, fondateur du salon des blogueurs de voyage. Nous n’avons pas atteint la limite : beaucoup de sujets ne sont pas encore traités et de plus en plus de personnes suivent des influenceurs. »
En France, Instagram et YouTube restent les réseaux les plus populaires, mais Twitch et Tik Tok sont plébisicités par les plus jeunes. A 22 ans, le gamer Evan Guillou rassemble chaque soir 200 spectateurs sur son stream Twitch. Grâce au système de dons de la plateforme et à des contrats de sponsoring d’entreprises informatiques, cet étudiant en psychologie gagne déjà 1 500 euros par mois. Il a décidé d’arrêter la fac pour s’y consacrer pleinement.