Les constructeurs n’auront pas attendu l’ouverture des portes du Salon de Genève, prévue officiellement pour les journalistes dès le 6 mars pour effectuer des déclarations.
Le président du directoire de Volkswagen a ainsi annoncé lundi dans la capitale helvétique de l’automobile que VW réfléchissait à une introduction en Bourse (IPO) de sa division camions et autocars (VW Truck and Bus). Une politique menée dans le cadre de ses efforts destinés à renforcer l’efficacité financière du groupe.
Confirmant des informations de presse publiées durant le week-end, notamment par le journal allemand Handelsblatt, une source proche du groupe VW avait préalablement indiqué lundi que les dirigeants de Volkswagen avaient discuté de la modification de la structure de cette entité la semaine dernière. Opération qui serait vue comme un préambule à une éventuelle IPO.
Dans un entretien accordé à Reuters TV au salon de l’automobile de Genève, Matthias Müller a quant à lui enfoncé le clou, affirmant que le groupe se devait d’exercer cette réflexion en permanence. Ajoutant que cela ne concernait pas uniquement VW Truck and Bus, mais « l’efficacité du groupe VW dans son ensemble ».
Le journal Handelsblatt indiquait quant à lui ce week-end que VW établissait à l’heure actuelle la liste de ses filiales de camions en vue d’une éventuelle IPO de l’unité. Ajoutant que l’entrée en bourse de la structure – comprenant les camions Scania et MAN – pouvait intervenir dès le début 2019.
Handelsblatt avait également ajouté que des sources internes à l’entreprise l’avaient informé que Volkswagen souhaitait transformer sa division camions en une société par actions autonome dès avril prochain, en vue d’une cotation en 2019.
VW envisagerait ainsi de vendre une participation minoritaire dans Volkswagen Truck & Bus, opération qui pourrait rapporter des milliards à la société mère. Une manière aussi de se recentrer sur le domaine des véhicules électroniques et autonomes, lesquels prennent de plus en plus de l’ampleur sur les marchés mondiaux à l’heure actuelle. Toujours selon le Handelsblatt, l’unité, basée à Hanovre pourrait être évaluée à plusieurs milliards d’euros, un montant à deux chiffres étant même suggéré.
“Aucune décision n’a été prise concernant une IPO de la branche Camions”, a tenu néanmoins à préciser Matthias Müller. Ajoutant que le cas échéant, VW en ferait état de “manière très claire.”
Müller confiant – en interne – sur sa politique de démantèlement
Tentant de démontrer qu’il tenait bien les rênes et que sa politique n’était pas soumise à caution au sein même de l’entreprise, le patron de Volkswagen a également ajouté être “très satisfait” du soutien du conseil de surveillance sur les changements structurels. Sans toutefois fournir de plus amples précisions à ce sujet.
Une réflexion loin d’être anodine, alors que, comme le souligne lui-même le Handelsblatt, une telle décision ”annulerait partiellement les efforts de l’ancien PDG et héritier de la famille Porsche, Ferdinand Piëch, pour créer un constructeur automobile mondial présent sur tous les segments, des frêles citadines aux énormes trucks.”
Le journal allemand souligne également que durant de nombreuses années, Ferdinand Piëch n’avait pas tari ses efforts en vue d’offrir au constructeur allemand une reconnaissance mondiale de ses camions à travers des marques telles que MAN et Scania. Laissant ainsi entrevoir à demi mots que Matthias Müller réalisait en quelque sorte le démantèlement de l’empire VW construit par Piëch.
Grande vigilance des syndicats face à une IPO de VW Truck and Bus
Suite au scandale du dieselgate, VW souhaite désormais offrir plus de latitudes à ses marques et à ses branches régionales, espérant ainsi obtenir plus de souplesse.
Mais la route s’avère difficile. Et l’atteinte des objectifs fixés dans le cadre de la revue stratégique annoncée en 2016 demeure complexe.
Fin 2017, le groupe a vu échouer son projet de vente de la marque de motos Ducati, filiale d’Audi. Suite notamment à l’opposition des syndicats.
Le journal Handelsblatt indique pour sa part que l’IPO envisagée nécessiterait toutefois l’approbation préalable de puissants représentants syndicaux soucieux des intérêts des salariés. Le media allemand souligne toutefois que l’opération pourrait donner plus d’autonomie aux divisions et permettrait à la société mère de se rapprocher d’une structure de holding.
Crédit Illustration : VW Truck and Bus
Sources : Reuters, Handelsblatt
Elisabeth Studer – 5 mars 2018 – www.leblogfinance.com