Les Gardiens de la révolution, l’armée d’élite du régime iranien, ont affirmé dimanche dans un communiqué avoir abattu « un drone d’espionnage du régime sioniste » au-dessus du site d’enrichissement d’uranium de Natanz. Ajoutant que ce « drone furtif tentait d’approcher la zone nucléaire de Natanz ». Ils dénoncent parallèlement « l’aventurisme du régime sioniste ».
Les Gardiens de la révolution et les autres forces armées se réservent par ailleurs le droit de répondre à cette action, précise le texte.
Rappelons que le site de Natanz est la principale usine d’enrichissement d’uranium d’Iran, où sont installées plus de 16.000 centrifugeuses. Israël a pour sa part menacé à plusieurs reprises d’attaquer les installations nucléaires iraniennes.
Ce grave incident intervient alors que l’Iran, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l’Allemagne ont conclu un accord de six mois en vertu duquel Téhéran devra – en contrepartie d’une suspension partielle des sanctions internationales – suspendre une partie de ses activités nucléaires.
En juillet dernier, cet accord a été prolongé de quatre mois, soit jusqu’au 24 novembre prochain. Le tout afin de permettre aux deux parties de négocier un accord définitif.
Mais les deux parties ne se sont parvenues jusqu’à présent à trouver un accord sur la taille du programme d’enrichissement d’uranium iranien. Alors que les Etats-Unis demandent à Téhéran de réduire par quatre son programme actuel, l’Iran veut au contraire l’augmenter par dix d’ici 2021, en vue notamment de produire le combustible nécessaire pour sa centrale nucléaire de Bouchehr.
Israël rejette quant à lui tout accord permettant à Téhéran de conserver un programme d’enrichissement d’uranium. L’Etat hébreu considère en effet que l’Iran pourrait l’utiliser pour fabriquer l’arme atomique.
Mais encore une fois, pétrole et gaz pourraient être l’enjeu final du dossier …
En effet, précisons que la suspension partielle des sanctions internationales pourrait entraîner la levée de l’embargo sur les exportations pétrolières de l’Iran. Au grand dam d’Israël qui tente actuellement de se faire une place au soleil … et de devenir exportateur net de gaz … espérant même obtenir rapidement une place de choix sur l’échiquier énergétique mondial.
Ne perdons pas de vue que si une décision de levée des sanctions est adoptée, l’Iran serait en capacité d’exporter plus de pétrole à court terme, même s’il lui faudra par la suite développer ses capacités de production pour pouvoir accroître de manière significative ses ventes sur le marché international.
Rappelons qu’un immense champ gazier a récemment été découvert dans la partie orientale de la Méditerranéenne, au large de côtes maritimes on ne peut plus sensibles. »Annonce qui pourrait une nouvelle fois enflammer la région » avais-je annoncé d’ores et déjà en décembre 2010 sur le www.leblogfinance.com …
Ajoutant alors que selon le groupe – américain – Noble Energy, société basé à Houston, Texas et principal opérateur du site, les réserves du gisement offshore de gaz naturel au large d’Israël baptisé Léviathan étaient estimées à 450 milliards de m3. Ce gisement ainsi que celui de Tamar constituant deux sites offshore très prometteurs découverts ces dernières années.
Cette nouvelle estimation confirmait alors les précédentes estimations qui tablaient sur un passage du site de Léviathan du deuxième au premier rang des champs gaziers exploités par l’Etat hébreu en Méditerranée. Selon les estimations du groupe pétrolier, Tamar – qui se trouve à 90 km au large du port de Haïfa – possède pour sa part une capacité de 238 milliards de m3 de gaz. Il s’agit du plus important champ gazier au niveau mondial découvert ces dernières années.
En tout état de cause, des ressources qui devraient permettre à l’Etat hébreu de devenir exportateur de gaz, avais-je alors indiqué, en 2010. Reprenant les propos de David Stover, haut dirigeant de Noble Energy.
Le ministre israélien des Infrastructures nationales Uzi Landau, avait quant à lui précisé qu’ Israël pourrait devenir un exportateur de gaz vers l’Europe. « Nous sommes d’ailleurs prêts à collaborer à un tel projet avec des investisseurs étrangers, mais aussi avec la Grèce et Chypre » , avait-il même déclaré.
– Les Etats-Unis loin d’être neutres dans la bataille –
Les Etats-Unis sont quant à eux loin d’être neutres dans la bataille, puisque c’est le pétrolier US Noble Energy qui est le principal opérateur du site de Leviathan. Les géants pétroliers européens tels que ENI (Italie) et Total (France) souhaitant bien obtenir une part non négligeable du gâteau.
Alors que les relations extrêmement proches de Washington avec Israël ne sont un secret pour personne , précisons également que l’Etat hébreu dispose d’une position charnière pour faire basculer Chypre – pays membre de l’UE en bien mauvaise posture, partenaire de l’Etat israélien dans la zone exclusive – soit dans le camp des « prêteurs » russes via le géant pétrolier russe Rosneft, lequel s’est arrogé récemment les services de DSK au sein de sa branche financière … ou au contraire dans le giron de la troïka formée par FMI, BCE et Union européenne de l’autre, le monde de la finance US et les banquiers de Goldman Sachs pouvant au final tirer les ficelles.
Or, Israël pourrait devenir le maillon fort de la survie financière de Chypre, Nicosie dépendant désormais en grande partie de la volonté israélienne d’approvisionner en gaz l’usine de liquéfaction que l’Etat chypriote projette de construire suite aux découvertes prometteuses d’hydrocarbures dans la zone off-shore très convoitée de Tamar et Leviathan située entre Chypre et Israël.
Si jusqu’à présent Nicosie tablait sur l’apport des ressources de gaz israéliennes pour rentabiliser la construction de cette usine, Israël aurait changé son fusil d’épaule. L’Etat hébreu envisagerait ainsi de construire sa propre usine de liquéfaction, voire de faire transiter son gaz via pipeline à travers la Turquie.
Sources : AFP, Ria Novosti, RFI, Le Monde, Easybourse
Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com – 24 août 2014
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