Le fondateur charismatique d’Alibaba va céder le contrôle de la filiale financière d’Alibaba, Ant Group, qu’il possédait jusqu’à présent à 50,52%. Cette cession marque la dernière étape de la mise en retrait de cette icône de la technologie et de l’innovation chinoise, qui est tombée en disgrâce fin 2019. Après plus de deux ans de réglementation des plateformes du Web, les autorités semblent vouloir redonner de l’air à ce secteur qui emploie de nombreux jeunes diplômés.
La vente des parts de Jack Ma, devenue une figure controversée, pourrait permettre à Alibaba et à Ant Group de tourner la page sur une période difficile marquée par l’annulation, par les autorités, de l’introduction en Bourse d’Ant Group fin 2020 et par une amende record de 18 milliards de yuans (2,48 milliards d’euros à l’époque) infligée à Alibaba pour abus de position dominante.
Le lundi 9 janvier, le président de la Commission de contrôle des banques et des assurances, Guo Shuqing, a annoncé que la campagne de “rectification” de quatorze plates-formes du Web était “essentiellement terminée, avec quelques petits problèmes à résoudre”. Les investisseurs ont accueilli ces annonces avec enthousiasme : l’action Alibaba à la Bourse de Hong Kong a gagné 7,8% le lundi matin, tandis que l’indice Hang Seng Tech, qui rassemble les valeurs technologiques de Hong Kong, a progressé de 3%.
L’entreprise a annoncé le samedi 7 janvier dans un communiqué qu’elle ajustait sa structure de propriété afin qu'”aucun actionnaire, seul ou conjointement avec d’autres parties, n’ait le contrôle de Ant Group”. Jack Ma, qui avait abandonné la gestion exécutive d’Alibaba en 2018, contrôlait encore “indirectement” 53,46% des actions, selon le communiqué. Il ne détiendra plus que 6,2% des droits de vote et partagera le contrôle de l’entreprise avec neuf autres personnes. Elle avait annoncé une restructuration majeure de ses activités en avril 2022, dont le principal élément était la mise en place d’une holding pour regrouper ses activités de crédit, qui serait enregistrée comme entreprise de finance et soumise aux réglementations du secteur bancaire. En 2020, le régulateur avait reproché à Ant de fournir des services financiers tout en prétendant être une entreprise de technologie et non une banque, échappant ainsi aux règles de prudence imposées au secteur.
Devenue une entreprise majeure, au point de détenir en 2017 le premier fonds monétaire au monde. Ant Group a été créée en 2011 pour regrouper les activités financières d’Alibaba. L’entreprise est connue du grand public grâce à l’application Alipay, un simple outil de paiement créé pour la plateforme de vente en ligne Taobao en 2003. Alipay est devenu un portefeuille électronique omniprésent en Chine, qui s’est diversifié pour proposer des placements, des crédits et assurances effectués en direct, ainsi que des centaines d’autres services de partenaires (commande de repas, réservation de taxi, de voyage, paiement de factures, etc.).